Le 6 août 1945, une bombe atomique était lancée sur Hiroshima. Le 8 août eut lieu la déclaration d’entrée en guerre de l’URSS contre le Japon, puis leur écrasante victoire contre les forces japonaises en Mandchourie. Une partie des militaires japonais refusèrent de capituler. Le 9 août, une autre bombe atomique était lancée, cette fois sur Nagasaki. Dans la nuit du 9 au 10, l’empereur Hirohito accepta les conditions de capitulation des Alliés, à la seule condition que la monarchie soit maintenue.

C’est le 14 août qu’il s’adressa à son peuple pour annoncer la fin de la guerre. À Kanoya, au sud de Kyushu, le 15 août 1945, quelques heures après avoir appris la défaite de son pays, l’amiral Matome Ugaki, prétextant ne pas avoir reçu de cessez-le-feu officiel et prenant entièrement le blâme de n’avoir pas réussi à stopper les ennemis, décida d’effectuer une attaque kamikaze malgré l’opposition de ses subordonnés. Il fit partie d’un groupe de sept avions se dirigeant vers Okinawa. Néanmoins, aucune attaque réussie de kamikaze ne sera enregistrée ce jour-là. Le 16 août 45, l’amiral Takiliro Onishi, « père » des kamikazes, se fit hara-kiri. Il n’y avait visiblement aucune alternative devant la défaite, mais seulement le refus de vivre après la capitulation.

Refus de capituler? Une dizaine de soldats japonais cachés dans la jungle ont continué la guerre sans savoir qu’elle était terminée. Parmi eux, Hiroo Onoda, qui continua de surveiller des installations militaires sur l’île de Lubang, aux Philippines, jusqu’en 1974! On lui avait donné l’ordre formel de ne jamais se rendre et d’attendre les renforts. Il a obéi et quand il voyait des B-52 dans le ciel pendant la guerre du Vietnam, pour lui, c’était la preuve que le combat continuait. On avait jeté des tracts pour lui annoncer que l’armée impériale avait été vaincue il y avait longtemps. Il n’y crut jamais. C’est son ex-commandant qui finalement ira le chercher dans la jungle et qui lui aura demandé de rendre les armes. Il répondit qu’il n’avait qu’une chose en tête : exécuter les ordres.

Kamikazes, conséquences et controverse

Dans le livre The Divine Wind se trouve le bilan complet de toutes les attaques kamikazes, les jours, les endroits où elles ont eu lieu et, le cas échéant, quels navires furent atteints avec mention des   coordonnées de leur localisation. Au total, il y eut 2314 sorties kamikazes (avions et escortes).

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Plaque commémorative des signatures de capitulation du Japon fixée sur le pont de l’USS Missouri. (Photo : Pierre Lapprand)

Notons que 34 navires furent coulés (contre 81 réclamés), dont 3 porte-avions (les USS St-Lo, Ommaney Bay et Bismarck Sea); 288 navires furent endommagés (contre 195 réclamés), dont 43 porte-avions. Il ne semble pas exister de controverse en ce qui concerne les résultats de ces attaques spéciales. Par contre, il semble y en avoir une en ce qui concerne la volonté fanatique des jeunes pilotes se portant volontaires pour mourir glorieusement au nom de leur empereur. En effet, un roman intitulé Kamikaze, paru en 1957, se voulant être l’autobiographie de Yasuo Kuwahara, un pilote qui a passé 18 mois dans l’armée japonaise, dépeint des camps disciplinaires remplis de pilotes prisonniers gardés par des geôliers inhumains. Être libérés de ces camps pour effectuer des missions kamikazes leur devenait préférable plutôt que d’avoir à continuer de subir les sévices des brutes qu’étaient leurs gardiens. Mais il semblerait que rien ne puisse aujourd’hui confirmer l’authenticité des événements, des lieux et personnes concernées dans le livre. Rien ne corroborerait même le fait que l’auteur ait vraiment été pilote. Par conséquent, ce livre ne serait qu’une bonne fiction. Pour comprendre mieux l’épopée kamikaze, j’aurais plus tendance à me fier à ce qu’écrivit l’éminent professeur de foi bouddhiste, Dr Daisetsu Susuki, en mars 46 : « Dans la religion shintoïste, il est question de dieux de la guerre. Il n’y a pas de déesse de l’amour. Cela, ajouté à l’esprit samouraï de tuer l’ennemi à tout prix, forme deux concepts de type féodal garantissant le meilleur usage du soldat et de l’équipement qu’ont exploité les dirigeants militaires. » Par ailleurs, on dit aujourd’hui que c’est probablement l’esprit bushido dans sa version moderne qui est à l’origine du redressement spectaculaire du Japon d’après-guerre.

À midi, le 11 avril 1945, le cuirassé USS Missouri croise au nord-est de l’île d’Okinawa

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Photo tristement célèbre et rare d’une attaque kamikaze. Le pilote était Setsuo Ishino, le navire était l’USS Missouri (BB-63). (Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Kamikaze)

Photo 9 - Setsuo_Ishino

 

 

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Le 12 avril 1945, à 9 h du matin, pendant que sur l’île d’Okinawa et ses rivages se livre une dure bataille, un drapeau japonais vient d’être façonné avec les moyens du bord pour envelopper le corps du kamikaze japonais. Au garde-à-vous et sous le salut des militaires américains présents à la cérémonie, trois salves d’honneur sont tirées, un marin sonne le clairon et le prêtre prononce : « Nous abandonnons son corps aux profondeurs »
(Photo : http://ahoy.tk-jk.net/Letters/Kamakazepilotwhocrashedin.html)

Déjà dix jours que la bataille d’Okinawa fait rage. À 13 h 30, un avion inconnu (bogey) est relevé sur le radar. L’alerte est aussitôt donnée. Il se trouve à environ 7500 mètres et converge vers le cuirassé. Aux jumelles, on reconnaît un Mitsubishi A6M Zéro (Zeke). Les batteries aériennes entrent immédiatement en action. On observe des impacts sur l’avion qui commence à dégager de la fumée et perdre de l’altitude. À la distance de 4000 mètres, il est frappé de nouveau, perd drastiquement de l’altitude et paraît à la limite de s’écraser en mer. Le pilote se bat pour reprendre de l’altitude tout en continuant de se rapprocher de plus en plus, à travers un rideau de tirs anti-aériens. Son avion vole plus bas que la hauteur du pont du navire, le pilote essaie toujours de remonter. Puis le kamikaze frappe le cuirassé juste à quelques pouces au-dessous du pont tribord. Il est 14 h 43. Le nez de l’appareil s’écrase sur la coque. La bombe n’explose pas et coule avec l’avion, sauf l’aile droite arrachée qui glisse sur le pont, créant un incendie vite maîtrisé. Personne n’est sérieusement blessé à bord du Missouri. En fouillant les débris de l’avion, on trouve le corps du pilote et on avertit le capitaine du vaisseau, William M. Callaghan. Celui-ci ordonne que le corps du pilote soit mené au personnel médical afin de le préparer pour des funérailles militaires en mer. Pendant et après cet épisode dramatique, le vaisseau demeure pleinement en opération de combat.

 

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En visitant l’USS Missouri, on peut encore voir la trace de l’impact du kamikaze sur le navire. (Photo : Pierre Lapprand)

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 Aujourd’hui, le cuirassé USS Missouri sert de mémorial militaire dans la baie de Pearl Harbor. Un comité de recherche fut fondé par trois vétérans, comprenant un Nippo-Américain et deux Japonais, pour essayer de retrouver le nom du kamikaze. Après des années de recherches, le comité, ayant étudié tous les documents d’archives encore disponibles, vint à la conclusion qu’il s’agissait fort probablement du sergent Setsuo Ishino, anciennement employé des chemins de fer, âgé de 19 ans au moment de l’attaque. À la date anniversaire du 11 avril 2001, des membres des familles de trois pilotes japonais ainsi que de celle du capitaine William M. Callaghan furent invités à se réunir à bord du Missouri, pour saluer le courage du pilote, mais aussi reconnaître le geste de compassion posé par le capitaine en plein milieu de la tourmente de la guerre.

Les informations citées dans cet article proviennent principalement du livre The Divine Wind, publié en 1958, écrit conjointement par le capitaine Rikihei Inoguchi et le commandant Tadashi Nakajima. Autre source : Wikipédia et Internet. Remerciements au Battleship Missouri Memorial de Pearl Harbor et à Thunder Over Michigan d’Ypsilanti, près de Detroit (MI).