En se basant sur une analyse complète des besoins, le Service aux entreprises de l’École nationale d’aérotechnique (ÉNA) offre des formations sur mesure. Grâce à une équipe de formateurs chevronnés, des ateliers de formation et de perfectionnement sont développés de façon personnalisée en fonction de chaque entreprise. Parmi les expertises reconnues de l’ÉNA, il y a la formation en matière de corrosion en aéronautique.

Lors de la dernière parution, nous avons traité de ce qu’est la corrosion, de l’importance qu’elle revêt en aéronautique et, surtout, de la manière de différencier les types de corrosion. Dans cet article, nous traiterons de la prévention de la corrosion par le nettoyage des aéronefs.

Pour les aéronefs, après quelque temps d’opération aérienne, le frottement de l’air, la combustion des propulseurs, le suintement des huiles, l’usure des pièces mobiles, l’environnement géographique de vol et les conditions météorologiques rendent l’état des surfaces plus coloré, plus visible et quelquefois malodorant.

Le nettoyage fait partie des travaux essentiels de maintenance à accomplir sur les aéronefs. Que ce soit pour l’esthétisme, l’aérodynamisme, la protection des matériaux, la protection contre la corrosion ou pour favoriser l’inspection des éléments d’un avion ou d’un hélicoptère, un soin méticuleux doit être apporté aux opérations de nettoyage des surfaces extérieures, des surfaces intérieures et des composantes des divers systèmes mécaniques, hydrauliques et électriques.

 

Avant de procéder à une opération de nettoyage, il est opportun d’inspecter la saleté qui s’est accumulée sur l’aéronef, car elle peut nous donner plusieurs indices sur l’état de santé de l’aéronef. Une fois cette inspection préliminaire faite, on peut procéder au nettoyage de l’appareil et c’est lorsque l’avion est propre que l’on peut mieux voir les fissures, les signes de frottement et autres détériorations. Dans cet article, nous résumerons le « Où, Quand et Comment » du nettoyage des aéronefs.

Où doit-on laver un aéronef?

Idéalement, le lavage des surfaces extérieures devrait être fait à l’extérieur, à l’ombre et dans un endroit bien ventilé, spécialement lorsque l’intérieur sera nettoyé. Les produits nettoyants peuvent causer des inconforts au personnel et, dans certains cas, être toxiques à long terme. Il importe donc de se protéger avec des masques, des gants et des survêtements appropriés. La fiche signalétique SIMDUT(1) des produits nettoyants doit être disponible.

Il importe de masquer toutes les entrées de capteurs sensibles comme les prises de Pitot statiques, les thermomètres et les indicateurs d’angle d’attaque. Ne pas oublier de signaler par des fanions rouges que l’on a obstrué certains éléments afin de ne pas les oublier après le nettoyage. Dans certains cas, on préfère couvrir les pneus pour protéger à la fois les pneus et les freins des solvants chimiques qui peuvent être utilisés dans les zones les plus coriaces. En commençant par le dessus de l’appareil vers le bas, on avance de la queue vers l’avant du fuselage. Ensuite, les ailes, les carénages moteurs et les atterrisseurs sont rincés et nettoyés. Pensez à bouger les gouvernes, les volets et les carénages mobiles pour avoir accès aux recoins où se logent les saletés les plus tenaces.

Quand doit-on laver un aéronef?

 

L’utilisation de l’aéronef influence la fréquence des opérations de nettoyage. Par exemple, si l’on opère dans un environnement industrialisé où le smog est régulièrement présent ou encore près des côtes où l’air est salin, un nettoyage plus fréquent s’imposera. Un propriétaire privé d’aéronef de type Cessna, Piper ou Robinson va probablement bichonner son trésor plus souvent qu’un opérateur commercial. Un gros porteur sera lavé de façon intensive environ quatre fois par année. Le lavage d’un appareil de cette envergure peut nécessiter plus de 13 000 litres d’eau. Des produits plus performants permettent maintenant de réduire l’empreinte écologique des solvants et nettoyants ainsi que la consommation d’eau. Il existe même des produits de nettoyage à sec que l’on étend sur les surfaces et que l’on essuie après un certain temps avec des linges secs. La recette gagnante est de ne pas trop attendre entre les opérations de nettoyage. On peut alors s’en tenir à des nettoyages plus légers, en plus d’avoir un suivi plus constant de la santé de notre appareil.

Comment doit-on laver un aéronef?

Les manuels de maintenance les plus récents contiennent des listes de produits nettoyants et solvants spécifiques à un aéronef recommandés par le manufacturier. Afin de ne pas endommager le fini des peintures et de ne pas causer d’attaque chimique sur les surfaces et les moulages en aluminium, il est préférable d’utiliser des produits doux. Des solutions extrêmes, malgré leur plus grande efficacité à court terme, ont une composition trop acide ou trop alcaline et peuvent générer des résultats désastreux. Il vaut mieux procéder à plusieurs cycles de rinçage et de lavage afin de venir à bout de surfaces ternies et encrassées comme les dessous du fuselage et des nacelles moteurs.

 

L’emploi de linges doux ou vieux T-shirts (sans boutons…) est correct et ils pourront être lavés et réutilisés, ce qui constitue une solution plus écologique que de jeter des amoncellements d’essuie-tout. Il est possible d’utiliser des laveuses portatives à pression vapeur, mais pas le modèle à 1500 psi! Une pression de 250 psi et un débit de 1 gpm sont convenables.

Les différentes zones de l’intérieur doivent être entretenues avec un aussi grand soin que les surfaces extérieures. La section des passagers doit être nettoyée régulièrement. Les sièges et les tapis demandent l’utilisation de produits de nettoyage appropriés qui doivent laisser une odeur de propreté. Un sachet de sel oublié, coincé sous un tapis, devient à moyen terme un générateur de corrosion intense. Le poste de pilotage doit être tenu de façon impeccable et il y a de nombreux recoins pour loger des saletés indésirables. Il est important de bien ventiler cette section lors du nettoyage et s’assurer que l’alimentation électrique des divers circuits est fermée lors de l’utilisation de produits de nettoyage à risque d’inflammabilité.

 

Pare-brise, hublots et fenêtres ont à être d’une netteté impeccable. Il importe de connaître de quels matériaux sont faites les zones transparentes de l’aéronef. L’emploi de nettoyant à base de pétrole ou d’ammoniaque sur des surfaces en acrylique peut obscurcir les surfaces. S’il y a des essuie-glaces, les pare-brise sont vraisemblablement en verre. Le meilleur solvant est de l’eau. L’on doit rincer à grande eau les surfaces pour déloger et drainer les saletés hors des zones de transparence. Ainsi, lorsque l’on nettoiera les taches plus résistantes à main nue, comme les débris d’insectes, l’on ne frottera pas les fenêtres avec de l’eau contenant des substances abrasives récemment délogées. Les égratignures légères sur les surfaces plastiques peuvent être effacées par des composés de polissage.

Après les opérations de nettoyage, il est recommandé de s’assurer que la lubrification des composantes mobiles est adéquate. Il se peut que les différents rinçages aient réduit leur efficacité. Ne pas oublier de démasquer tous les capteurs sensibles comme les tubes de Pitot statiques!

Nettoyer augmente l’esthétisme, l’efficacité et la fiabilité de nos aéronefs. De plus, voyager dans un environnement propre augmente la satisfaction du client, ce qui aidera à payer les coûts du nettoyage.

Si vous souhaitez devenir plus compétitifs en matière de prévention de la corrosion en aéronautique, pensez au Service aux entreprises de l’École nationale d’aérotechnique pour former vos employés.

  • SIMDUT : Système d’information sur les matières dangereuses utilisées au travail

Informations supplémentaires sur le Web dans le document FAA « Aircraft Cleaning & Corrosion Control ».