Interview avec un pilote de chasse américain

Le 20 mai 2015, remise de la Médaille d’or du Congrès des États-Unis à Clarence Emil « Bud » Anderson lors d’une cérémonie au Capitole à Washington DC.

Colonel Clarence Emil « Bud » Anderson, Triple As de la Seconde Guerre mondiale

Pour terminer ce reportage sur la biographie de l’ex-colonel de l’US Air Force Clarence Emil « Bud » Anderson, le magazine Aviation s’est entretenu brièvement avec celui-ci et vous livre ici l’essentiel de ses propos.

Magazine Aviation : Colonel Anderson, dans votre enfance, qu’avez-vous pensé lorsque vous avez vu pour la première fois un avion dans le ciel?

Col. Anderson : Tout ce dont je me souviens, c’est que je voulais voler. C’est devenu une passion. Je voulais connaître toutes les conditions exigées pour pouvoir voler.

M.A. : Pendant la Deuxième Guerre mondiale, comme pilote de chasse, quel a été pour vous le moment le plus marquant?

Col. Anderson : C’est arrivé le 27 mai 1944 quand mon avion, dans une formation de quatre Mustang, a été attaqué par quatre ME-109G. Nous avons renversé la situation et j’en ai abattu trois. Ce fut une journée excitante.

M.A. : Quels avions avez-vous préféré piloter?

Col. Anderson : Il y en a trois. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, ce fut le P-51 Mustang qui m’a aidé à traverser cette guerre. Comme une obsession, il avait un son spécial et il volait comme dans un rêve. Le deuxième appareil, ce fut le F-86 Sabre, ce bel avion simple, fiable, sûr, excellent à manœuvrer, avec des caractéristiques sans surprise. Ensuite, ce furent ces avions modernes munis d’ordinateurs et d’avertisseurs sonores tel le F-15 Eagle, l’un des derniers avions de chasse que j’ai piloté du poste avant de cet avion de combat. Le F-15 Eagle est un merveilleux avion de combat et avec lequel j’aurais choisi d’aller en guerre. Maintenant, je crois que c’est le F22 qui est un superbe avion de chasse, mais je n’en ai jamais piloté aucun.

 

M.A. : Comme pilote d’un F-105 Thunderchief, les tactiques de vol pendant la Deuxième Guerre mondiale vous ont-elles servi au Vietnam?

Col. Anderson : Vous pouviez utiliser un grand nombre des mêmes tactiques utilisées pendant la Seconde Guerre mondiale, mais le  F-105 Thunderchief n’est pas toujours fiable pour virer avec les Migs.  Donc, il fallait éviter cette tactique. Quand j’étais au Vietnam, c’était vers la fin du conflit.  Nous n’allions plus au Nord à cette époque.

M.A. : Après votre retraite de l’US Air Force, quel emploi avez-vous occupé chez McDonnell Douglas?  

Col. Anderson : Je ne volais pas pour McDonnell Aircraft Co. J’étais  le gérant pour le Flight Test Facility. J’ai effectué des tâches excitantes de travail pour le F-15 Eagle, testé les bonnes caractéristiques de vol et cherché les défauts. Il était intéressant d’observer comment les problèmes pouvaient être corrigés et je suis très fier d’avoir été associé au programme F-15.

M.A. : À l’exception de votre contribution pour la liberté dans le monde et de vos multiples récompenses, que gardez-vous précieux en votre cœur?

Col. Anderson : Si l’on ne peut se souvenir de l’Histoire, nous pouvons rester vigilants à ce qu’elle ne se répète pas comme ce fut le cas pendant la Deuxième Guerre mondiale. J’ai lu un livre dans lequel on affirme qu’il y a eu jusqu’à 72 millions de morts. C’est une hécatombe sans nom que je n’arriverai jamais à comprendre. Des 28 pilotes comme moi du début, la moitié d’entre eux ont été tués ou faits prisonniers. Une incroyable perte.

M.A. : Merci beaucoup, Colonel Anderson!

Pour sa généreuse contribution à cet article et pour ses photographies, un merci spécial est adressé au Colonel à la retraite, M. Clarence Emil « Bud » Anderson et à son fils, M. Jim Anderson. Vous pouvez consulter son site internet : http://www.cebudanderson.com/

Recherches et traduction : Martin Cormier

Photographies : Colonel Clarence Emil « Bud » Anderson et Jim Anderson (Collection Anderson)

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