Vétéran émérite et pilote d’avion Harrier

À la suite du dernier reportage sur Nalls Aviation, le magazine Aviation a réalisé une petite entrevue avec M. Arthur L. « Art » Nalls Jr, ex-pilote d’avion Harrier AV-8A du Corps des Marines des États-Unis. Voici l’essentiel de l’interview livré ici avec très belle humeur par ce noble amoureux de Harrier.

sea harrier

Retour de vol de démonstration avec son Sea Harrier FA2 lors du spectacle aérien de Drummondville en 2015. (Photo : Martin Cormier)

Magazine Aviation : Après avoir reçu vos ailes comme pilote, avez-vous reçu une formation particulière pour piloter un AV-8 A Harrier?

Arthur L. Nalls : Après avoir reçu mes ailes d’aviateur naval, comme pilote, j’ai reçu un entraînement spécifique pour l’avion Harrier avec l’un des escadrons de formation des Marines, connu comme étant le VMAT-203, à la base du Marine Corps Air Station, Cherry Point, Caroline du Nord, É.-U. La formation comprenait l’instruction au sol sur les systèmes, les procédures, les limites et les situations d’urgence. Elle comprenait aussi la formation sur des simulateurs pour les procédures et la formation dans le siège du biplace TAV-8A Harrier. Avec mes vols d’entraînement solo, ma formation s’est poursuivie sur un seul siège du TAV-8A Harrier. Après, j’ai été transféré à un escadron régulier du Marine Attack Squadron.

A. : Monsieur Nalls, quelles sont les problématiques sur ce type d’appareil

L. N : Le Harrier est unique. En ce qui concerne certains régimes de vol, il se comporte un peu comme un hélicoptère et, dans d’autres régimes de vol, il est un jet d’attaques. Les pilotes doivent être compétents dans plusieurs types de décollages et d’atterrissages. En fait, il existe quatre types de décollages allant de la verticale, à roulement, à des décollages conventionnels, mais tous avec différents angles de buses d’échappement du moteur. Ce qui correspond à différents types de débarquements. Encore une fois, c’est en fonction de l’angle de buse d’échappement du moteur, de la vitesse des roues au toucher de l’atterrissage vertical, en roulant, en atterrissage vertical, aux buses fixes en atterrissage lent, à la tuyère variable d’atterrissage lent ou d’atterrissage classique pur avec les buses directement vers l’arrière. Les pilotes doivent maîtriser toutes ces techniques.

A. : Comme pilote d’un avion Harrier, quel est votre plus beau souvenir?

L. N : Mon plus beau souvenir fut certainement cette première expérience avec un Harrier. C’était mon premier vol en biplace avec le TAV-8A Harrier. J’étais prêt à une affectation comme pilote. J’avais volé plusieurs centaines d’heures avec les jets de la Marine. Mais, avec le Harrier, ce fut différent! J’attendais de commencer ma formation de transition de vol sur le Harrier. Quand la verrière du Harrier s’ouvrit, je me suis trompé. Je me suis installé dans le siège situé à l’arrière de l’instructeur. Ce dernier m’a dit de prendre place, de m’attacher avec les sangles de la ceinture du siège, de vérifier l’interphone et de me taire! J’ai fait tout cela. Lorsque l’avion s’est mis à décoller, nous fûmes secoués comme jamais! Pourtant, le moteur était au ralenti, à un très faible 28 % RPM. Même le taxiway de l’avion était différent. Au décollage, toujours fortement secoué, lorsque le pilote a accéléré, j’ai été jeté au fond de mon siège. L’accélération m’a semblé être très proche d’un lancement d’une catapulte! Ce fut comme une fusée! Au bout de la piste de 8000 pieds, nous faisions déjà 450 nœuds avant de rejoindre en formation deux autres AV-8A Harrier. Là, j’ai su tout de suite que l’AV-8 Harrier était fait pour moi!

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    Photo souvenir et personnelle : Lieutenant Colonel Art « Kaos » Nalls lors de son premier vol avec un TAV-8B Harrier en 1986.

Pour son amabilité et sa généreuse contribution à l’article, le magazine Aviation tient à remercier M. Arthur « Art » Nalls.