L’enregistreur de vol, aussi appelé « boîte noire » est un dispositif qui enregistre des informations dont l’analyse aide à déterminer les causes d’un incident ou d’un accident. Dans la pratique, les boîtes noires sont de couleur orange ou rouge pour être plus perceptibles parmi les débris.
Il existe deux types de boîtes noires : les enregistreurs phoniques (Cockpit Voice Recorder – CVR), qui sont destinés à enregistrer les conversations du cockpit, et les enregistreurs de paramètres (Flight Data Recorder – FDR), qui ont pour rôle d’enregistrer les données de vol.
Ces enregistreurs sont également équipés d’une balise (Underwather Locator Beacon – ULB) qui se déclenche en cas d’immersion et qui émet un signal à ultrasons qui permet la location de l’appareil. Le signal est émis toutes les secondes pendant 30 jours. Il peut être capté à une profondeur allant jusqu’à 6000 mètres Ils sont placés à l’arrière de l’avion, car c’est la partie qui est généralement la mieux conservée lors d’un impact avec le sol ou la mer.
Les premiers enregistreurs de vol sont attribués à François Hussenot, dans les années 30. Contrairement aux boîtes noires modernes, ces enregistreurs étaient basés sur des photographies et appelés des « hussenographes », les indications des instruments de vol étant projetées sur une pellicule photographique grâce à un jeu de miroirs. Les pellicules photosensibles étaient enfermées dans une chambre noire, familièrement appelée « boîte noire », car elle était étanche à la lumière. Ils ont beaucoup évolué depuis, mais le terme est resté
Puis vinrent des versions plus modernes, avec enregistrements magnétiques, qui furent conçues en 1953 par l’ingénieur Australien David Warren. Il avait mûri son invention après l’enquête du premier vol commercial Comet qui s’était écrasé en 1953, catastrophe qui d’ailleurs avait coûté la vie à son père. À la suite de l’enquête à laquelle il avait lui-même participé, il mit au point une petite enregistreuse de vol qui notait, sur une bande aluminium, à l’aide d’un stylus de métal, six paramètres simples : l’heure, la vitesse, la direction, l’inclinaison, la pression interne et l’altitude. Cet appareil n’était d’aucune utilité lors d’accidents, et pour cause. Dans la presque totalité des cas, les bandes sur lesquelles étaient stockées les données étaient soit détruites, soit rendues illisibles parce que l’instrument n’avait pas résisté à la force de l’impact ou au feu. Malgré un manque d’intérêt des autorités, il avait assemblé un prototype, en 1956, capable de stoker quatre à cinq heures d’enregistrement vocal et de données de navigation.
« Une invention est rarement le fruit d’une seule et unique personne, mais l’aboutissement de plusieurs développements », telles sont les paroles de Pierre Jeanniot, qui préfère le nom de parrain à celui d’inventeur de la boîte noire. En effet, dans les années 60, comme responsable des services techniques chez Air Canada, il a joué un rôle de premier plan dans le développement du premier système d’enregistrement de vol moderne. Il fit passer les paramètres de vol enregistrables de 5 à 90 heures : une véritable révolution pour les enquêteurs d’accidents. Conçues comme de véritables sarcophages, ces boîtes sont protégées par trois couches de matériaux destinés à assurer leur survie au choc, à l’incendie (1100 oC pendant une heure) et à l’immersion profonde. L’enveloppe extérieure est doublée d’alvéoles de métal remplies de matières hautement isolantes. Au cœur de la « boîte » se trouvent la bande magnétique et les cartes électroniques sur lesquelles sont enregistrées et entreposées les données pertinentes de nature électronique, mécanique et vocale.
Conçues à l’origine pour améliorer la sécurité aérienne, il en existe aujourd’hui des versions adaptées, installées sur certains types de bateaux, et on songe maintenant à en installer dans les véhicules automobiles.
Monsieur Jeanniot a été intronisé au Panthéon de l’Air et de l’Espace du Québec en 2004.