SAVIEZ-VOUS QUE…

Avant l’ère des télécommunications et jusqu’au tournant des années 30, l’équipement radio à bord des avions était inexistant. Les pilotes de brousse et les aviateurs militaires avaient recours à un système très ingénieux de communication : les pigeons voyageurs!

Les pigeons voyageurs ont servi les avions utilement, faute de radio, à plusieurs reprises.

Typiquement, les équipages montaient à bord avec une cage contenant généralement deux pigeons. En cas d’avarie, un message (révélant aux secouristes l’emplacement de l’avion en panne, etc.) était introduit dans une petite capsule d’aluminium attachée à la patte de l’oiseau. L’oiseau était ensuite relâché… en espérant qu’il saurait retourner à sa base!

Le 17 mai 1918, lors de la Première Guerre mondiale, Stuart Graham (premier pilote de brousse au Canada) devait lui aussi transmettre un tel message. Son hydravion Short éprouvait ce jour-là des difficultés de moteur et était contraint à un amerrissage forcé près des côtes anglaises. Un message (rédigé sur un bordereau officiel oblitéré GOVERNMENT PIGEON SERVICE fut envoyé avec instructions à celui ou celle découvrant le message de le porter au bureau postal ou télégraphique le plus proche. On ne revit jamais les pigeons voyageurs. Chez les pilotes de brousse, le système semble avoir connu une certaine efficacité jusqu’en 1922 selon le rapport d’un arpenteur du Lac-Saint-Jean qui cite : « Les pigeons voyageurs ont servi les avions utilement, faute de radio, à plusieurs reprises. »

Une histoire plutôt amusante circulait durant ces années à l’effet que Roy Maxwell (?) aurait un jour commandé de Hollande deux pigeons voyageurs d’un lignage prétendument « pure race » dans le but d’améliorer la qualité des pigeons dont dépendaient ses pilotes, et ce, au coût de 125 $ chacun (une grosse somme à l’époque).

Patte où l’on fixe la dépêche.

Toujours est-il, un jour, un des aéronefs (avec à son bord un de ces fameux oiseaux) fut forcé d’effectuer un amerrissage sur un lac perdu. Comble de malheur, le pilote constata qu’on avait oublié de placer à bord les rations de survie. Évaluant la situation, le pilote jugea que l’oiseau lui serait plus utile dans son assiette que comme outil de communication et il le mangea. L’histoire ne dit pas s’il l’accompagna de baies sauvages, mais chose certaine, ce pilote s’offrit un repas à 125 $ en pleine forêt. Le pigeon fut déclaré « perdu en action ». Je me questionne sur la véracité de ce fait, car je n’ai rien trouvé à propos de ce Roy Maxwell, mais l’histoire est amusante… et plausible.

Après la Première Guerre mondiale, une base en Colombie-Britannique se dota d’un important service de pigeons voyageurs et, sur ordre du commandement central, les autres bases au pays se dotèrent aussi d’un service de pigeons. En 1928, l’Aviation royale du Canada opéra ainsi huit élevages de ces oiseaux sur ses bases, le plus important étant situé à Rockcliffe et comptant à lui seul au-delà de 2000 pigeons. Fait à noter, à cette époque et durant les deux grandes guerres mondiales, toute personne qui tuait ou blessait un pigeon voyageur était reconnue d’un crime dont la sanction allait d’une forte amende à une peine d’emprisonnement de six mois.

Le recours occasionnel aux pigeons voyageurs se poursuivit dans la prestigieuse Aviation royale canadienne jusqu’en 1943.