UN AVION LÉGER DE COMBAT

Le magazine Aviation vous présente un aéronef de Canadair (Bombardier), le CF-5 Fredoom Fighter (CF-116). Dernier avion de combat fabriqué au Canada, ce fut un avion de combat léger et facile d’entretien qui a servi comme avion d’attaques au sol et de reconnaissance pour l’Aviation royale du Canada.

Un peu d’histoire

Conçu par Northrop Aircraft de Hawtorne, Californie, le CF-5 Freedom Figter renverse la tendance des années 1950 à 1960. Dès 1954, cet avion de combat léger (N-156) est la solution aux avions à réaction subsoniques. Le 30 juillet 1959, à la base aérienne d’Edwards, c’est le premier vol d’un prototype qui dépasse MACH 1. Plus tard, Northrop Aircraft poursuivra des essais en vol et de tirs de missiles. Le CF-5 A Freedom Figter fut muni d’un moteur léger et de missiles guidés. L’US Air Force achètera 1200 avions Northrop T-38 Talon, basés sur le F-5A. Le RF-5 A de reconnaissance fut muni également de quatre caméras situées dans le nez de l’avion.

Bagotville, retour de mission d’un CF-5 Freedom Fighter de l’Escadron 438 Bluenose.
Crédit photo : Richard Girouard

En 1972, Northrop Corp. développe le F-5 E monoplace et le F biplace du Tiger II. Le modèle CF-5 F aidera au développement du Programme Y-17. Ce dernier deviendra par la suite le F/A 18 Hornet. Sa dernière version sera le F-20 Tigershark. Au début des années 1980, avec la NASA, Grumman et l’USAF construiront deux prototypes basés sur le F-5 A. Avec le Programme X-29, l’avion sera doté d’une voilure en flèche inversée, de commandes de vol électriques et d’un calculateur numérique.

Le CF-5 (CF-116) version canadienne

En 1963, Paul Hellyer, ministre de la Défense nationale dans le cabinet de Lester B. Pearson, veut remplacer les CF-104 par des F-4 Phantom américains. En 1964, le gouvernement du Canada estime les coûts trop onéreux. Mais, en 1965, l’Aviation royale du Canada évalue ses besoins pour fixer son choix sur le N-156 (F-5A) de Northrop. M. Paul Hellyer persuade alors le Parlement afin que le F-5 A devienne le nouveau chasseur de l’Aviation royale du Canada. En 1965, le gouvernement canadien signe alors un contrat avec Canadair, à Cartierville (Montréal), avec licence de fabrication pour des moteurs Spey de Rolls-Royce et des équipements électroniques britanniques.

Winnipeg, un CF-5 Freedom Fighter sur le tarmac de l’usine Bristol Aerospace.
Crédit photo : Martin Cormier

Avec deux moteurs compacts General Electric J-85 de haute poussée allant jusqu’à 17,1 kN, le CF-5 sera équipé de deux canons M-39 de 20 mm, de 280 obus chacun, de cinq points d’emports pour 3200 kg, emportant des bombes, des paniers de roquettes, des réservoirs largables et deux missiles Aim 9 Sidewinder. C’est Orenda qui fournira les moteurs J85-CAN-15 General Electric. Ils ont une poussée de 1950 kg (4300 lb). Quant à l’avion lui-même, son envergure est de 7,9 m (25 pi 8 po), sa longueur est de 14,4 m (47 pi 2 po) et sa hauteur est de 14,4 m (13 pi 2 po). Son poids à vide est de 3937 kg (8680 lb) pour un poids maximum de 9249 kg (20 390 lb). Sa vitesse de montée est de 9450 m (31 000 pi)/min avec une autonomie de vol de 630 km (390 milles) et son plafond est de 15 240 m (50 000 pieds).

Le 6 février 1968, avec une perche de ravitaillement en vol et une avionique améliorée, le premier CF-5A sort de l’usine. Expédié à la base aérienne d’Edwards, Californie, c’est avec le pilote Henry Chouteau de Northrop qu’il exécute son premier vol le 10 mai 1968. Le 28 août 1968, c’est au tour du CF-5 D biplace de faire un vol inaugural avec les pilotes M. Longhurst et M. Chouteau. Par la suite, les Forces armées canadiennes obtiendront 89 appareils CF-5 A et 26 CF-5 D. La version canadienne du CF-5 possède désormais deux canons de 20 mm. L’avion peut transporter jusqu’à 5 bombes de 500 lb, 76 roquettes de 70 mm ou une combinaison des deux. Quelques CF-5A de reconnaissance seront créés. Ils transportent trois appareils photographiques de 70 mm. Avec un faible coût d’entretien, plus de 800 appareils seront ainsi construits jusqu’en 1972 et serviront dans 34 forces aériennes dans le monde.

Dernier chasseur construit au Canada, ce seront 240 CF-5 Freedom Fighters qui seront produits entre 1962 et 1975. Soixante-quinze CF-5 A et 30 CF-5 D biplaces le seront pour l’Aviation royale des Pays-Bas et 135 pour le Venezuela. En 1993, 58 CF-5 Freedom Fighter reçoivent une révision chez Bristol Aerospace, Winnipeg. Trois escadrons canadiens utilisèrent le CF-5, dont le 433 Porcupine Squadron (base de Bagotville), le 434 Bluenose Squadron (base de Chatham) et le 419 Moose Squadron (base de Cold Lake). Le CF-5 sera utilisé par les Forces canadiennes dans les missions de l’OTAN et l’entraînement des pilotes pour leur transition vers le CF-18, vers les avions à réaction, au combat aérien asymétrique, aux couleurs soviétiques et de type avion  »aggressor » Red Flag de l’USAF.

Le Canada, en réduisant ses engagements envers l’OTAN, a fini par remiser ses CF-5. En 1995, l’avion est finalement retiré du service actif au sein des Forces armées canadiennes. Entre 1996 et 2000, treize monoplaces CF-5A et cinq biplaces CF-5B ont été livrés à la Force aérienne du Botswana. Maintenant, certains CF-5 ornent des musées. En 1970, Canadair avait créé le Musée CF-5A. Déplacé en 1989 au Musée RCAF de Trenton, Ontario, il est acquis en 1996 par le Canadian Warplane Heritage Museum. En 1998, le CF-5 équipe également l’Atlantic Canada Aviation Museum, Nouveau-Brunswick, tandis qu’un autre appareil est exposé au Musée de la Défense aérienne de la base militaire de Bagotville.

Pour leur participation, des remerciements sont adressés à Bombardier inc. et à M. Richard Girouard.