Par John McKenna

Le dernier article que j’ai signé dans ce magazine portait sur l’absence de solutions miracles pour combler la pénurie de pilotes. Malheureusement, plusieurs obstacles se dressent toujours sur le chemin du succès dans cette situation devenue critique pour les industries canadienne et mondiale du transport aérien. Le groupe de travail créé par l’ATAC en mai 2017 a identifié les principaux problèmes et s’acharne à développer des pistes de solution. Évidemment, un groupe de travail n’était pas nécessaire pour conclure que le coût élevé de la formation au pilotage et le manque d’accès au financement sont des obstacles majeurs à nos efforts de recrutement et écartent de nombreux candidats. Le défi du groupe de travail est plutôt de formuler des solutions viables. À cet égard, l’ATAC, en collaboration avec des partenaires de l’industrie et du secteur financier, travaille sur une gamme de solutions novatrices de financement de la formation d’un élève-pilote jusqu’à un niveau d’employabilité.

Une solution de financement globale est importante non seulement pour augmenter le nombre de pilotes professionnels qui entrent sur le marché du travail, mais aussi pour s’assurer que tous ceux et celles qui ont la passion et le talent requis pour devenir pilotes puissent réaliser leur rêve, plutôt que seulement les mieux nantis. L’Europe et les États-Unis offrent déjà des solutions de financement total pour les élèves-pilotes et il est grand temps que le Canada suive le pas. Nous étudions tous les outils développés ailleurs pour voir si des versions canadiennes seraient possibles. Or, dans presque tous ces cas, il s’agit d’un effort concerté de plusieurs partenaires, incluant l’industrie, les institutions financières et les gouvernements.

En raison de l’importance du financement nécessaire, les solutions de financement total seront vraisemblablement axées sur des prêts plutôt que des bourses ou subventions. Mais ces dernières devraient également jouer un rôle, surtout lorsque les besoins de notre marché s’alignent sur les priorités du gouvernement en matière d’inclusivité et d’innovation, ou pour assurer certains services essentiels, et ce, particulièrement en régions éloignées.

Le défi est double. Il faut d’abord convaincre les institutions financières de s’impliquer dans la formation au pilotage; deuxièmement, il faut convaincre les gouvernements de s’engager afin de permettre des taux d’emprunt qui inciteraient les jeunes à s’engager. Malheureusement, le fait que la formation au pilotage n’est généralement pas donnée dans le cadre d’un programme collégial élimine pratiquement son admissibilité aux programmes de prêts et bourses provinciaux. Il est cependant plus facile d’amender les programmes gouvernementaux existants pour inclure la formation au pilotage que de développer de nouveaux programmes, compte tenu de toutes les étapes interminables et parfois insurmontables qu’exige la mise en place de nouveaux programmes.

Par exemple, le Programme d’apprentissage intégré en milieu de travail pour étudiants est un programme fédéral qui aide les étudiants de niveau post-secondaire en sciences, en technologie, en génie, en mathématiques et en programmes d’affaires à acquérir l’expérience de travail dont ils ont besoin pour se préparer à l’emploi dans ces domaines à forte demande. Ce programme n’appuie pas actuellement la formation au pilotage. Toutefois, l’ATAC a avancé une proposition qui permettrait de financer en partie la formation des étudiants de l’aviation désireux de compléter une qualification d’instructeur ou de vol sur flottes. La prochaine étape vers l’approbation de cette proposition est de démontrer qu’il y a suffisamment d’intérêt pour justifier les modifications nécessaires.

Les unités de formation au pilotage de l’Ontario peuvent également profiter de la subvention d’emploi Canada-Ontario qui accorde jusqu’à 10 000 $ par personne pour les frais de formation pour instructeurs. Le hic est que la formation doit être faite par une tierce partie, ce qui oblige l’étudiant à obtenir cette formation d’instructeur dans une autre école pour ensuite revenir chez son employeur.

Compte tenu de leur rôle essentiel en cette période de pénurie, les instructeurs au pilotage méritent des considérations spéciales, tant au niveau du financement de leur formation et qualification d’instructeur que par les transporteurs dans leurs pratiques d’embauche. Le recrutement massif et irréfléchi par des transporteurs des instructeurs d’expérience est suicidaire pour notre industrie. Cette pratique insensée et présente dans plusieurs pays se compare à celle du fermier qui vend son équipement de traite pour acheter plus de vaches.

Une suggestion formulée récemment est d’accorder aux instructeurs un congé de remboursement de la dette associée à leur formation tant qu’ils seront instructeurs à temps plein ou pour au maximum cinq ans, selon la première échéance. Une autre option serait de transformer une partie de cette dette en subvention au prorata des années de travail à titre d’instructeur. Cette dernière proposition nécessiterait l’appui d’un programme gouvernemental.

Le groupe de travail continue d’élaborer et mettre en place des solutions viables. Nous vous invitons à partager vos idées qui pourraient aider notre industrie à surmonter cette sérieuse pénurie de pilotes qui pourrait vraisemblablement perdurer pendant encore une décennie.