AU-DESSUS DE L’AÉROPORT DE SAINT-HUBERT
Le 1er juin dernier, lors de l’Aéro Salon et du Spectacle aérien de l’aéroport de Saint-Hubert, pour le plaisir de tous les amateurs, le ciel s’est soudainement enrichi d’un très vieux Warbird au moteur à réaction. Le magazine Aviation est heureux de vous présenter ici un peu l’histoire de ce 55.
C’est souvent lors de tels événements aéronautiques que des passionnés d’aviation peuvent s’offrir des démonstrations d’aéronefs nouveaux ou anciens. Ce jour-là, des spectateurs éblouis ont pu constater de visu les performances vraiment uniques de cet avion avec, en toile de fond, ce bruit distinctif que fait un de Havilland Vampire Mk 55 en vol. Avec sa gueule en forme de requin, le Vampire (C-FJRH) n’est certes pas passé inaperçu. Loin de là! Ce fut l’un des appareils les plus admirés par la foule. Et comment ne pas aimer ce magnifique appareil qui exposait avec ostentation un incroyable « Art Nose », typique visage de vampire. Avec ses couleurs acier, rouge et noir, œuvre inspirante du 442e Escadron, ce Vampire-là étalait avec fierté pour les passionnés d’aviation ce design inédit produit à l’origine par la culture autochtone locale de la Colombie-Britannique.
La petite histoire canadienne du Vampire
Il faut dire que tout comme dans les livres où des chapitres entiers lui sont consacrés, cet avion demeure bien vivant dans les mémoires. Car, à la fin des années 1940, des de Havilland Vampire volaient à l’aéroport de Saint-Hubert. Par exemple, en 1946, à Edmonton, Alberta, au Winter Experimental Establishement, un Vampire F-1 britannique a été utilisé comme évaluation pour y subir des essais. Plus tard, le Canada a choisi le Vampire de type F-3 comme avion de combats opérationnels. Le 17 janvier 1948, le Vampire effectue son premier vol. Mis en service comme avion d’entraînement au Central Flying School de la base aérienne de Trenton, Ontario, il devient ainsi le premier chasseur à faire son entrée à l’Aviation royale du Canada. Ce sera aussi dans l’histoire de l’aviation militaire canadienne le premier jet à train tricycle avec un cockpit pressurisé pour les pilotes de chasse.
À la base aérienne de Saint-Hubert, il y a presque 70 ans, ce même type d’aéronef entre également en service avec l’Escadron 410 Cougar, cette première unité d’entraînements opérationnels avec des avions de chasse. Au total, 86 appareils de type Vampire F-3 sont utilisés dans les Forces aériennes du Canada, celles de réserves ou d’escadrons opérationnels tels les 400, 401, 402, 411, 438 et 442. Entre 1949 et 1951, un peu partout en Amérique du Nord, avec l’Équipe de voltige Blue Devils, l’avion servira à des fins de démonstrations aériennes. À la fin des années 1950, le Vampire sera remplacé par le Canadair CL-13 Sabre.
Au Spectacle aérien de Saint-Hubert…
Ce jour-là, le Vampire présent sur le tarmac, c’est la version biplace du Vampire DH-115 T55. Fabriqué en 1958 par Eidgenössisches Flugzeugwerk Emmen pour l’Armée de l’air suisse et nommé U-1213 (cellule #973), l’avion est plus gros que les autres versions avec ses réservoirs largables. De 1953 à 1990, muni de quatre canons Hispano de 20 mm, ce Vampire sera utilisé comme avion d’entraînements avancés. Il est ensuite vendu à Sion par une société privée américaine de Paoli, Pennsylvanie. D’abord envoyé à Cranfield, Angleterre, il y recevra des modifications, de nouvelles radios et un agencement de batteries de démarrage automatique.
Ensuite, ce U-1213 et un autre Vampire excédentaire, le U-1220, ont été transportés à travers l’Atlantique. Donc, le 16 septembre 1991, le Vampire, immatriculation N935HW, décolle. Il faut au pilote Paul M. McMinn au moins 16 escales et plusieurs aérodromes d’Écosse, des îles Féroé, d’Islande, du Groenland, du nord-est du Canada, de l’est des États-Unis pour arriver six jours plus tard à Coatesville, Pennsylvanie. Mentionnons ici que le pilote de l’avion U-1220 qui l’accompagnait a eu des ennuis pendant son décollage à Wabush, au Labrador, ce qui fut réparé sur-le-champ.
Une fois rendu à Coatesville, le Vampire N935HW demeure dans les mêmes mains jusqu’en septembre 2008. M. Dave Sutton de Red Star Aviation, Hackettstown, New Jersey, achète ensuite l’aéronef qui sera enregistré sous le numéro N835HW. Le Vampire est finalement logé au Quonset Air Museum, Rhode Island, où il attire l’attention de M. Derek Hammond, un Canadien passionné d’aviation. Ce dernier, propriétaire d’un Canadair Star Silver T-33, d’un B1 Strikemaster et d’un Aero Vodochody L-39, est officier en chef de ce qui allait devenir Waterloo Warbirds. En 2010, il acquiert le Vampire. Fin octobre de la même année, M. Hammond et le technicien aéronautique Andrej Janik vont le récupérer à l’aéroport de Waterloo, Rhode Island, USA. Mais, à Rochester, New York, USA, un retard dû à un incident causé par une maintenance non spécifiée retarde la livraison de papiers.
En arrivant au Canada, le Vampire change d’immatriculation pour devenir C-FJRH. Remisé au sol pendant quatre ans, il recevra une maintenance mécanique des systèmes et de l’avionique. La restauration de ce magnifique Vampire Mk 55 sera soutenue avec l’aide du Vampire Preservation Group, Angleterre, du Temora Aviation Museum, Australie, de l’Escadron historique de la Royal Norwegian Air Force et du Musée canadien Warplane Heritage, Hamilton, Ontario. Depuis 2014, suite à sa restauration, ce Vampire vole de nouveau. Principale attraction de la flotte de Waterloo Warbirds, cet avion-là serait l’un des rares Vampire d’entraînements qui volent encore aujourd’hui dans le monde.
Photos : Martin Cormier
Sources :
https://waterloowarbirds.com/our-aircraft/de-havilland-vampire-mk-55/
https://ingeniumcanada.org/fr/artefact/avion-dh100-vampire-3-de-de-havilland
http://silverhawkauthor.com/canadian-warplanes-6-jets-de-havilland-dh100-vampire_681.html