Pour me donner une bonne idée de ce que cela implique, j’ai rencontré un pilote d’expérience qui a visité plusieurs parties du monde en hélicoptère. Certains diront un pilote « émérite », mais avec 13 000 heures et un tour du monde complet, ce titre est pleinement justifié. Il s’agit de Rob McDuff, pilote d’essai pour Bell, maintenant jeune retraité, qui a fait le tour du monde en 2017 avec un Bell 429. Voici les résultats de mon entrevue…
Pourriez-vous nous décrire ce super voyage?
Nous étions privilégiés de pouvoir utiliser un Bell 429 bimoteur, équipé pour le vol IFR. Au niveau de l’équipe, j’étais accompagné de Bob Dengler et de son fils, tous les deux pilotes.
Ce voyage de 48 jours (33 en vol et 15 au sol en raison de la météo), soit 35 000 km dans 14 pays, s’est déroulé à l’été 2017 et nous a permis de découvrir des sites fantastiques.
Pourriez-vous nous décrire votre préparation?
Une fois que l’on a préparé l’hélicoptère pour un tel voyage, le plus important est la planification de la route.
Il est recommandé de faire la route d’ouest en est afin de bénéficier des vents qui sont en général de l’ouest. Compte tenu de la contrainte de l’essence, la planification des arrêts (90 arrêts) devient critique. Par exemple, en Amérique du Nord, on peut faire livrer des réservoirs d’essence un peu partout. En Russie, la seule façon d’avoir de l’essence nécessite que le camion se déplace. À une occasion, le camion d’essence devait faire plus de 1000 milles dans une zone inhospitalière. Ce petit voyage lui a pris plus de 25 heures juste pour venir nous rejoindre!
Il est clair que l’élément critique de ce genre de voyage est la météo. En ce qui nous concerne, nous utilisions l’application Windy. Une chance que nous pouvions voler IFR, sinon notre voyage aurait été assurément plus long.
Nous avons vécu quelques situations inattendues. Tout d’abord, au nord, le soleil ne se couche jamais, ce qui à l’occasion nous a permis de voler pendant de longues périodes. En plus, lorsqu’il pleut, nous n’avions pas prévu que, dans ces régions, à 8000 pieds, il puisse y avoir des conditions de givrage!
En conclusion, la préparation s’est échelonnée sur plusieurs mois et elle est vraiment cruciale pour le succès d’une telle aventure.
Avec ce tour du monde, y a-t-il des endroits qui sont plus marquants que d’autres?
Ayant effectué plusieurs autres voyages de ce genre, il y a deux choses qui m’impressionnent toujours :
UN, la découverte d’endroits fantastiques. À ma grande surprise, je vous dirais que la plus belle partie de ce tour du monde n’est pas très loin d’ici. La section située entre le Labrador, Iqaluit, le Groenland, l’Islande et les îles Féroé. WOW! Disons que c’est d’une beauté que je ne pourrais décrire en un mot. (Pendant notre rencontre, Rob m’a présenté des photos de ces lieux. J’ai compris ce qu’il essayait de me dire… On dirait des montagnes sorties de la mer, wow!)
DEUX, la rencontre de gens fantastiques
Je pense que tu as déjà volé en Russie, me demande-t-il. – Oui, pourquoi? – Tu seras d’accord avec moi qu’il ne s’agit pas de passionnés d’hélicoptère mais de fanatiques! J’abonde dans le même sens. J’ai rencontré Maxim Sotnikov qui a fait un tour du monde en Bell 407 et plusieurs membres de son club privé Helico (j’avais d’ailleurs effectué une entrevue avec lui à ce sujet). Avoir la chance de découvrir les régions qu’il nous recommandait a été fantastique.
Une petite anecdote. Lors d’un arrêt de ravitaillement, je deviens copain avec le directeur de l’aéroport et lors de nos discussions, je lui explique que j’utilise l’application Windy et que je considère qu’il s’agit d’une des deux merveilles qui ont révolutionné l’hélicoptère (avec le GPS, bien sûr!). Quelques minutes plus tard, il me mentionne que cette application a été inventée dans cette ville (Prague) par son frère. J’ai d’ailleurs rencontré son frère qui pilote un EC135.
Y a-t-il eu des moments plus critiques?
Malheureusement oui! Plusieurs matins, je n’ai pas eu mon expresso!
Non, plus sérieusement, nous avons été chanceux. La seule exception est un voilier d’oies sauvages qui sont soudainement apparues et que nous avons presque réussi à éviter, sauf peut-être une qui a décidé d’aller tester la dureté de nos pales. Ouf! après vérification, quelques plumes à enlever et rien sur nos pales.
De façon générale, tout ce qui devait être contrôlé (route, communications, ravitaillements) a bien fonctionné. L’élément sur lequel nous n’avions pas de contrôle, soit la météo, est assurément ce qui mérite beaucoup d’attention.
En conclusion, que retenez-vous de ce tour du monde ?
Que ces voyages vous permettent de découvrir des lieux fantastiques. Mais ce qui restera marqué à jamais dans ma mémoire, ce sont les rencontres que j’ai eues avec des passionnés d’hélico à travers la planète. D’ailleurs, merci à tous ceux qui nous ont aidés dans cette belle aventure!