Chronique proposée par Richard Saint-George, en collaboration avec Aéro-Atelier – Photos de l’auteur
Active ou non, en hiver, la motorisation de tout aéronef requiert certaines précautions. Voici quelques recommandations et conseils pratiques, exposés par notre spécialiste, Guy-Paul Mongrain.
La saison froide est un handicap sérieux pour les appareils. En vol, les précautions d’usage demeurent impératives et les risques inhérents aux conditions extrêmes demeurent bien réels. Néanmoins, laisser un avion ou un hélicoptère au sol exigera quelques démarches. Voici lesquelles :
Avant le remisage, à la fin de l’automne
Faire tourner le ou les moteurs jusqu’à lecture de la température de fonctionnement publiée. Ensuite, voler durant 20 à 30 minutes. Idéalement, la température de l’huile doit atteindre 180 °F sur l’indicateur du tableau de bord. De retour au sol, le mécanicien vidangera l’huile et déposera le filtre. Une inspection de ce dernier – par méthode destructive – est recommandée. Celle-ci permettra de noter ou non la présence de limaille dans le tamis. En cas de positivité, une vérification de la mécanique sera requise. Sinon, soit la plupart du temps, on remplacera simplement le filtre et substituera le lubrifiant régulier par de l’huile de remisage. Le choix de la marque sera surtout dicté par la disponibilité du produit. Actuellement, au Québec, seule la Phillips 66 Anti-Rust 20W-50 est sur le marché – l’AeroShell Fluid 2 F étant momentanément en rupture de stock. Après l’appoint, on remettra le moteur en route, puis on le fera chauffer au ralenti (de 10 à 15 minutes). L’aéronef pourra même être opéré durant un court laps de temps, soit de 15 à 20 heures. Attention ! Ne pas utiliser cette huile pour voler continuellement. Par ailleurs, il ne faut pas confondre les huiles de remisage avec les huiles de rodage (100 % minérales, non dispersantes sans cendres). Leurs propriétés diffèrent et donc commandent des applications distinctes.
Opérations en hiver
Si l’appareil vole régulièrement, le pilote devra s’assurer d’utiliser une huile appropriée. À ce titre, Aéro Atelier recommande de se conformer au bulletin de service nº 1014M, publié par Lycoming (daté du 22 mai 1995), et/ou à la lettre d’information SIL99-2C, émise par Continental Motors (datée du 29 mars 1999). Spécifications, grades, additifs, dispersants et marques y sont énumérés, en substance. Concernant les Franklin, Pratt & Whitney, Jacobs, Rotax, etc., se référer aux consignes des motoristes désignés. Avant le décollage, il conviendra de faire chauffer le moteur. La température d’huile doit monter jusqu’à 100 °F et celles de chaque cylindre doivent atteindre environ 200 °F. Selon le modèle, ne pas oublier d’installer un winter kit devant l’entrée d’air du capot moteur. Vérifier également le bon fonctionnement du mécanisme de réchauffage du carburateur – notamment au niveau des butées. Ne pas oublier d’examiner le système d’échappement. S’assurer enfin qu’un détecteur de monoxyde de carbone soit posé (attention à sa date de péremption !)
Remise en route au printemps
Avant tout redémarrage consécutif à une période d’immobilisation hivernale, Guy-Paul Mongrain préconise une dépose des bougies du bas, montées sur chaque cylindre. Contacteur des magnétos sur OFF, le mécanicien ou l’opérateur donnera alors quelques tours d’hélice à la main. Cette action permettra d’évacuer toute accumulation d’huile éventuelle dans les chambres. S’ensuivra la repose desdites bougies et le lancement du moteur. Une fois sa température de fonctionnement atteinte, on l’arrêtera afin de procéder à la vidange de l’huile de remisage. Celle-ci sera alors remplacée par de l’huile neuve normalement utilisée (une minérale contenant des additifs ou bien une semi-synthétique). Pour toute information supplémentaire ou conseil technique, et bien sûr en cas de doute, ne pas hésiter à consulter un mécanicien spécialisé en mécanique aéronautique.