Comment savoir si un système est approuvé sur votre appareil?
J’ai pensé vous parler, dans cette chronique, du cheminement que notre équipe, ou tout autre OMA du même genre, doit faire en vue de préparer ou d’estimer une modification sur un appareil certifié. Cela a pour but de vous dévoiler le côté administratif de notre travail, autrement dit de vous révéler les tâches bureaucratiques que nous devons très fréquemment assumer et qui sont souvent méconnues. Car vous le savez comme moi, les papiers sont encore plus importants que le travail lui-même.
Je vais essayer de garder le tout le plus simple possible en vulgarisant le processus. Commençons par une simple installation d’un GPS à bord de votre Cessna 172. La première étape sera de voir s’il y a un STC (certificat de type supplémentaire) pour l’installation de ce GPS sur ce type d’appareil. Pourquoi? Car l’appareil a été approuvé avec une instrumentation précise et les autorités ayant émis ce certificat de type se sont assurées que toute l’information nécessaire était fournie au pilote (au travers du POH) et à la maintenance (programme d’inspection ICA) pour cet appareil. Donc, le but premier du STC est de s’assurer que le pilote et la maintenance sauront quoi faire avec ce nouvel équipement en fournissant les démarches à suivre en cas de panne ou face à d’autres circonstances imprévues. Cette information est transmise au moyen d’un document ajouté au manuel opératoire du pilote (POH). Pour la maintenance, un document appelé ICA (Instruction for Continued Airworthiness) fournira les procédures d’entretien ainsi que les inspections nécessaires pour maintenir la sécurité. Donc, au sommet de la pyramide, il y a le STC, qui réfère ensuite aux documents dont je viens de vous parler (POH & ICA), ainsi qu’au manuel d’installation. De plus en plus de produits ont maintenant une section programme « software » où on trouve les versions approuvées sur chacun des appareils. Ce ne sont plus seulement les pièces physiques qui ont des numéros de pièces, mais aussi les programmes à l’intérieur des unités. En d’autres mots, la même pièce no GPSXXX pourrait être installée sur deux appareils complètement différents, mais avec des programmes conçus pour chacun afin de répondre aux exigences demandées pour chaque type d’appareil. Pour revenir aux manuels d’installation, lesquels sont de plus en plus volumineux (plus de 400 pages), il est essentiel de s’y référer pour connaître les limitations d’installation ou d’opération, les exigences minimales à rencontrer, les dessins électriques, les matériaux à utiliser, etc. Bref, c’est notre bible! Même si l’installation ne comporte seulement qu’un fil supplémentaire, il faut passer à travers tout ce processus chaque fois qu’on nous demande d’ajouter un nouvel équipement à l’intérieur d’un appareil. Quand tout cela est vérifié, nous pouvons commencer à planifier la modification.
Autre fait intéressant à propos des STC émis par la FAA ou par Transports Canada, suite à des discussions avec TC, on nous a expliqué que nous ne sommes pas obligés d’utiliser un STC émis par Transports Canada dans le cas où une entente bilatérale entre les deux pays (Canada et É.-U.) est valide et que le pays du manufacturier de l’appareil est le même que celui des autorités ayant émis le certificat. En d’autres mots, si vous avez un Piper qui a été fabriqué aux É.-U. et que le certificat de type de l’appareil a été émis par la FAA (É.-U.), il nous est permis d’utiliser un STC américain, même si l’installation est faite au Canada. Alors, pourquoi Transports Canada émet-il aussi un STC qui fait référence à celui qui a été émis par les Américains, mais avec un autre numéro, pour la même installation? Car celui-ci est utile lorsque l’appareil a été construit dans un pays différent de celui des autorités qui ont émis le STC, par exemple lorsqu’on souhaite installer un GPS que Garmin a fait approuver par la FAA sur un avion construit au Canada (ou ailleurs) ayant un certificat de type émis par Transports Canada.
En résumé, toutes ces recherches doivent être faites avant même qu’une nouvelle pièce d’équipement soit installée sur votre appareil certifié. Tout d’abord, parce que c’est la loi, mais aussi parce que cela vous assure que son utilisation sera sécuritaire. De plus, si cela n’est pas fait dès le départ, il faudra le faire le jour où vous déciderez de vendre votre appareil pour le remplacer par un autre, puisque les papiers seront examinés dans le détail et ils devront absolument être conformes pour que la vente soit autorisée. Voilà une importante facette de notre métier qui, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ne se résume pas seulement à brancher des fils!