En collaboration avec Aéro-Atelier – Photos de l’auteur

Souvent négligées, notamment lors des inspections annuelles d’avions privés, les magnétos nécessitent un minimum de précautions. À défaut, outre de soudaines défections en vol, leur durée de vie pourrait se voir hypothéquée.

Lorsque le système d’allumage de leur aéronef fait défaut, les pilotes (propriétaires) incriminent généralement une bougie ou un fil haute tension. Si cela demeure probable, il peut s’agir aussi de ratés soudains d’une magnéto. Oubliée au même titre que sa consœur lors de la ou des dernières révisions (possiblement de complaisance !) par le mécanicien de service, celle-ci aura fini par lâcher. Pour se prémunir de tels tracas, Guy Massicotte – technicien chez Aéro-Atelier C.M. Inc. à Lac-à-la-Tortue (CSL3) – recommande d’appliquer impérativement les directives des manufacturiers. Notamment, chaque fois que le calage de l’allumage dépasse les limites autorisées, mais aussi lors des inspections annuelles (opérations privées) ou horaires (opérations commerciales). Outre ces contrôles, il peut arriver qu’un incident conduise à une inspection ponctuelle. Exemples : un dépassement de régime ou overspeed (plus fréquents sur les moteurs d’hélicoptères), un heurt d’hélice (décollage/atterrissage ou collision aviaire), un arrêt soudain (dû à un bris mécanique), un foudroiement (au sol ou en l’air), un incendie (mineur ou non) ou encore une immersion (même partielle).

Le technicien Guy Massicotte – 30 ans d’expérience – démonte une magnéto Bendix (la poulie interne a tourné sur son axe à la suite d’une usure non détectée de la clavette d’ancrage).

Inspections obligatoires et bulletins de service

Toutes les 100 heures, pour les appareils commerciaux, une vérification des magnétos doit être conduite par un technicien certifié. Celle-ci se tient directement sur le moteur, sans dépose. A contrario, lors d’une révision programmée aux 500 heures, chaque magnéto est retirée et démontée. Une liste exhaustive des points à vérifier – modèles pressurisés et non pressurisés – est publiée par Champion Aerospace. Le contrôle de l’avance, du faisceau électrique, du bobinage primaire et secondaire, des balais, des vis platinées, du condensateur, du distributeur, du mécanisme de couplage à impulsion, des roulements et d’autres pièces encore permet alors d’établir un rapport. En fonction de l’usure et/ou des bris constatés, un diagnostic est établi. N’apparaissant pas dans la liste des travaux élémentaires émise par Transports Canada, l’examen des magnétos n’est pas autorisé à quiconque ne détient pas les compétences requises. Autrement dit, un pilote lambda ne peut pas s’acquitter de ce travail. Pas plus qu’un mécanicien non qualifié en aéronautique ! La consultation des bulletins de service fait également partie du processus de contrôle. Leur application demeure impérative. Par ailleurs, la révision des magnétos est vivement recommandée lors du reconditionnement (overhaul) d’un moteur. Question de bon sens ! Chez Aéro-Atelier, cette intervention est incluse dans le devis. Rappelons, au passage, que la réfection ou le remplacement des accessoires moteur (magnétos, pompe à vide, démarreur, etc.) ne doivent pas être considérés comme une dépense superflue.

Autres informations et précisions

Il existe essentiellement deux marques de magnétos : Slick, manufacturée par Champion Aerospace, et Bendix, produite par TCM Continental. Si la première n’est pas frappée par une butée calendaire, la deuxième est topée à 4 ans. Pour info, le remplacement intégral d’une magnéto est souvent consécutif à une maintenance succincte, voire inexistante. Implicitement, un entretien périodique prémunira alors les pilotes de désagréments en vol, tout en réduisant considérablement le budget à consacrer aux réparations ponctuelles. Quelques moteurs d’avions possèdent des magnétos doubles. C’est le cas de certains Cessna 172 ou encore Piper Navajo. Leur principe électrique demeure identique aux modèles courants. Couplées sur le même engrenage, ces magnétos forment un bloc compact. Enfin, d’aucuns diront qu’il serait grand temps de réformer cette technologie et de passer à l’allumage électronique. Ce système, à fiabilité, simplicité et rendement accrus, devrait un jour l’emporter. Question de temps et, bien entendu, de certification !

Magnéto Bendix série D, manufacturée par TCM Continental, montée sur Lycoming O-320 H2-AD (D pour dual) équipant une minorité d’avions.

Magnéto Slick 4381 manufacturée par Champion Aerospace.