Par Johann-François Frève
L’idée de participer au Lorraine Mondial Air Ballon ne date pas d’hier. Il y a de cela près de dix ans, j’ai reçu par courrier une invitation à le faire. À cette époque, j’étais alors à mes premières heures en tant que pilote de montgolfière, mais l’intérêt s’est alors installé dans mon esprit. Au fil des années, j’ai participé à quelques rassemblements, dont Albuquerque et le Puy en Velay.
C’est lors de notre participation au Festival de montgolfières d’Albuquerque au Nouveau-Mexique en 2013 que le projet a germé. Nos amis français présents avec nous à l’événement nous invitent à participer avec eux à la prochaine édition du Festival de Metz en 2015.
Ce rassemblement, le plus gros en Europe, a lieu tous les deux ans à l’aéroport de Metz, en Lorraine, région située dans le nord-est de la France. L’événement se tient sur une semaine à la fin juillet et il y a une possibilité de 19 envolées durant l’événement entièrement consacré aux vols de nos aérostats. Ainsi, il n’y a pas de spectacles et peu d’activités à l’extérieur des vols.
Ce n’est pas qu’un simple voyage. C’est non seulement notre tout premier voyage père-fils, mais également le premier jour de retraite de mon père Andrew. C’est à la suite d’une visite éclair de Paris, en compagnie d’une très bonne amie, que notre périple lorrain commence.
Arrivés sur place, nous retrouvons nos comparses français et prenons possession de notre gîte à Woinville. La météo n’étant pas en notre faveur, notre tout premier gonflement est le dimanche matin. Tous les véhicules sont positionnés en rebord de piste. C’est légèrement fébriles que nous actionnons le ventilateur afin d’entamer le gonflement de nos ballons. Le son des brûleurs se fait entendre; les ballons se dressent tranquillement à tour de rôle le long des pistes. Aucun décollage. Nous attendons tous la même chose : le passage de l’hélicoptère qui fera le décompte du nombre de montgolfières. Nous participons à La Ligne, cet événement que nous attendions impatiemment. Durant l’attente, nous regardons autour de nous, émerveillés, et la seule chose que nous voyons ce sont des ballons multicolores qui se tiennent droits, comme des statues, de chaque côté de la piste, et ce, à perte de vue. Être debout au milieu de cette scène restera gravé dans nos mémoires. De retour aux ballons, le drapeau vert est levé et le décollage est amorcé. À tour de rôle, les montgolfières s’élèvent lentement telles des bulles d’air et prennent possession du ciel avec leurs innombrables couleurs. Nous découvrons la région et ses villages en les survolant. C’est après trois atterrissages et une heure cinquante minutes de vol que nous nous posons à Xonville. Ça y est, c’est fait! Notre premier vol est accompli! C’est excités qu’au retour du vol nous avons la confirmation qu’un nouveau record du monde est établi avec 433 montgolfières en ligne qui prennent leur envol au même moment
Le mercredi après-midi, après avoir assisté à l’exposé des pilotes, nous attendions dans l’ère d’attente des véhicules de poursuite. La possibilité d’effectuer un vol était faible, vu la force et la direction des vents. Lors de l’attente de la décision finale des directeurs de vol, des pratiques de planeurs se tenaient au-dessus de l’aérodrome. En tournant les yeux vers le ciel, on croyait voir un spectacle aérien avec des parachutistes, mais en observant mieux, on remarque que le parachutiste est en fait le pilote du planeur qui s’est éjecté à la suite de l’arrachement de l’aile. Nous étions tous stupéfaits de voir l’aile tournoyer sur elle-même et le planeur tomber en chute libre. Heureusement, le pilote s’en est tiré avec quelques éraflures et contusions.
Durant l’événement, nous avons eu la chance de faire de belles rencontres avec les gens de la région. Nous avons même eu la chance de manger chez nos équipiers, une belle famille très généreuse. Nous avons aussi eu la chance de partager de bons repas au gîte entre amis et de bien rire. Nous avons discuté de nos expériences en ballon et de nos mésaventures, tout en faisant de nouvelles rencontres. J’ai également pu faire voler ma très chère amie parisienne, qui avait volé pour la première fois en sol canadien. De très beaux moments!
Le jeudi après-midi, à notre arrivée sur le site, j’ai eu la chance de passer sur les zones de France Bleu Lorraine, la radio locale. J’ai discuté de mon expérience à l’événement et de mon cheminement pour devenir pilote.
Le vendredi matin, c’est dans le brouillard que le vol s’effectue. Un moment paisible à voler au-dessus de cette étendue blanche, tel du coton.
Après l’exposé des pilotes du samedi après-midi, la situation est encore la même. La vitesse des vents est à la limite supérieure et la direction est défavorable. Alors que nous avions quasiment perdu tout espoir, le drapeau vert est hissé. C’est lancé pour notre cinquième et dernier vol. Nous nous élançons sur notre ballon et commençons le gonflement. L’équipe étant alors restreinte, le ballon se bouscule dans le vent et a peine à monter au gonflement. Après quelques minutes à faire du ping-pong avec les ballons autour, nous nous stabilisons et le décollage a lieu. Le vol, qui était censé être fait par une jeune pilote nouvellement certifiée, m’est laissé entre les mains. Un autre beau vol formateur s’amorce. Après une approche avec des vents de 22 km/h au sol, nous nous préparons à un atterrissage rude. Nous poursuivons le vol jusqu’à la seconde vallée où nous effectuons une descente rapide. À quelques mètres du sol, nous effectuons un amorti. C’est alors que le ballon freine considérablement pour nous permettre de faire un atterrissage à 2 km/h en rebord de route. Mon père, étant notre équipe de poursuite, vient de vivre sa première expérience de récupération de ballon. Nous revenons à l’aéroport pour la dernière fois. C’est à ce moment, la tête pleine de belles images, que notre expérience du Lorraine Mondial Air Ballon prend fin, mais c’est avec certitude que nous renouvellerons notre magnifique expérience.