Ce texte a été publié le 21 septembre dernier dans la revue AgroNouvelles de l’Ordre des agronomes du Québec. En plus de relater l’expérience vécue par une agronome lors d’un vol en montgolfière, il décrit bien les précautions que prennent les pilotes qui survolent et se posent en milieu agricole!
L’an passé, j’ai eu la chance de faire ma première envolée en montgolfière. J’ai le privilège d’avoir une collègue pilote passionnée qui m’a donné envie de parcourir le ciel de la Montérégie à bord de son ballon. L’expérience, du point de vue agronomique, est fascinante. Observer l’agriculture à 3000 pieds d’altitude devient très instructif. Mon vol, effectué en septembre 2014, m’a permis de contempler la précision des plantations en rang, le relief et les teintes des différentes cultures, la forme des divers bâtiments agricoles (fosses, silos, porcheries, étables, serres, entre autres) et, bien entendu, d’observer les animaux au pâturage et de repérer les signes du passage de quelques animaux sauvages… Il peut aussi permettre de constater l’effet de certains désordres climatiques sur les cultures!
Plus récemment, le 16 août dernier, j’ai assisté à la toute dernière envolée effectuée dans le cadre de l’International des montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu en compagnie de plusieurs agriculteurs invités. Cet événement avait pour but de souligner leur contribution à la réussite d’un tel événement. On oublie que, sans les terres agricoles et l’ouverture des producteurs, la pratique de la montgolfière serait difficile.
La grande majorité des atterrissages s’effectuent sur des parcelles agricoles. Et c’est une question de sécurité : pas de fils électriques, des zones de grande taille sans habitation ou bâtiment et pas de routes achalandées. Un terrain fertile aux atterrissages.
Lors d’un événement comme un festival, l’ensemble des pilotes reçoit une série de procédures et de règles afin d’assurer la bonne conduite en matière d’atterrissage dans les zones agricoles. Différents éléments agronomiques sont partagés, notamment sur le choix de la zone de pose du ballon en fin de vol.
- Certaines zones sont prohibées pour toutes sortes de raison : certains producteurs ne souhaitent pas recevoir de ballons, présence d’une base militaire, un dépôt de dynamite, un espace aérien comme l’aéroport de Montréal, une carrière ou un dépôt de déchets, etc.
- Certains animaux d’élevage sont plus sensibles aux différentes perturbations et il faut être attentif à ne pas les effrayer.
- Les cultures sont fragiles et sont alors considérées comme des zones prohibées par les pilotes qui ne s’y poseront pas : soya, maïs ou céréales (blé, orge, avoine).
- Certains moments dans l’année sont plus problématiques parce que les cultures sont à la veille d’être récoltées… ou les champs viennent d’être arrosés d’engrais organique!
- Les entrées de champs ou les allées sont plus propices pour se poser, mais une parcelle de foin ou de céréales coupée est idéale.
L’équipe de poursuite qui suit le ballon et le récupère une fois posé a la charge d’obtenir l’autorisation du propriétaire, souvent un producteur agricole, lorsqu’une zone d’arrêt a été ciblée. Les véhicules de poursuite n’entreront au champ que lorsque le propriétaire aura donné son autorisation. En l’absence d’autorisation, le pilote, les passagers et l’équipe de poursuite transporteront ensemble le ballon jusqu’au véhicule resté sur la route. On peut dire que le ballon, c’est un sport…
Il devient donc pertinent que les pilotes et les organisateurs connaissent l’aspect des différentes cultures végétales et des principaux élevages pour les reconnaître du haut des airs et ainsi informer les passagers et les équipiers. Des photos aériennes peuvent aider à identifier les différents éléments clés et l’information obtenue d’un agronome sur les différents stades agronomiques des cultures et leur sensibilité s’avère d’une grande utilité.
Saviez-vous que comme le veut la tradition, à l’atterrissage, un verre de mousseux est servi aux propriétaires pour les remercier de leur accueil? Cette tradition prend sa source en France, dans la région des premiers vols, la Champagne, qui a vu naître les frères Montgolfier, inventeurs des engins qui portent leur nom! Au Québec, on sert un cidre effervescent provenant de la région dans laquelle on vole! Les pilotes encouragent ainsi les producteurs locaux!