Qui n’a pas rêvé de « prendre » un jour les commandes d’un avion de ligne? C’est désormais possible à Laval! La réplique exacte d’une cabine de Boeing 737-800 NG permet aux néophytes, mais aussi aux pilotes de tous niveaux, de vivre une expérience vraiment réaliste. À découvrir absolument!
Ce méga simulateur est fabriqué en Australie et importé au Canada par Flightdeck Solutions – une entreprise torontoise. Produit de haute définition, ce modèle est opéré depuis quelques mois à peine en exclusivité par AéroSim au Québec. Une équipe de six jeunes pilotes, menée par Pierre-Lou Costerg, officie tour à tour « à bord ». La clientèle, majoritairement masculine, n’a dans 80 % des cas jamais touché les manettes d’un avion ni même pénétré dans un cockpit. Rappelons que, depuis septembre 2001, les cabines sont verrouillées. Sécurité oblige. Seules quelques compagnies aériennes européennes permettent encore – à la discrétion du commandant de bord – une visite rapide de ces plus beaux bureaux du monde.
Profil éclair de Monsieur AéroSim
D’origine française, comme nombre de pilotes œuvrant au Québec, Pierre-Lou Costerg détient un CPL-IR, obtenu via Nîmes Airways (Gard). Passé l’étape des petits monomoteurs et bimoteurs à pistons, la jeune recrue débute sur Beech 90 puis tâte au Cessna Citation en Suisse. On le retrouve ensuite et furtivement à droite sur Falcon 900B. Amoureux du froid et des grands espaces, il choisit de poursuivre sa carrière au Canada. À l’instar de sa sœur, déjà résidente permanente au Québec, il s’installe finalement au pays l’année dernière. Bille en tête, Pierre-Lou lance son projet de simulateur élaboré en 2013. Sans subvention ni prêt bancaire, il n’a d’autre avenue que l’autofinancement… À 27 ans, après de sérieux efforts et une mésaventure – des voleurs ont dévalisé son camion lors de la livraison d’une partie du simulateur – l’entrepreneur en devenir apprécie déjà les résultats. En moins de six mois d’activité, un millier de clients ont répondu présent. C’est plus qu’il ne l’avait imaginé! Et les rendez-vous continuent à affluer. Cet été, le centre est pratiquement déjà complet. Lui-même formé par un pilote de Boeing 737NG, Pierre-Lou cumule aujourd’hui quelque 1000 heures virtuelles sur type. Celles-ci ne peuvent pas officiellement s’ajouter aux 1200 autres, montées sur divers aéronefs bien réels, mais constituent néanmoins un formidable bagage technico-pratique. Un acquis qui pèsera indéniablement sur la balance le jour où notre protagoniste se présentera à une sélection en compagnie. Bien joué!
Démonstration et expérimentation
Situés le long de l’autoroute 440, à Laval, les locaux d’AéroSim abritent un grand hall de réception, une mini-boutique d’accessoires aéros, une salle de cours et, bien sûr, l’antre du simulateur. Plongé dans une semi-pénombre, l’endroit favorise la transition du monde réel vers un univers virtuel. Incrustée dans un pan de mur, flanquée de toiles noires, la machine scintille de tous ses instruments. La vue à travers les vitres du pare-brise donne présentement sur l’aéroport de Mexico. En un simple clic, sur la console de contrôle attenante, l’environnement aéroportuaire ou en vol peut changer. Ainsi, parmi les quelque 24 000 destinations proposées, une quarantaine d’aéroports internationaux se veulent « disponibles ». Pour l’heure, je choisis Nice-Côte-d’Azur (NCE). Mon fief! Instantanément, je me retrouve sur la 04L – piste en marge de la baie des Anges. Ouvert à 200 degrés, le visuel étonne par sa quasi-exactitude. Pendant le briefing, Pierre-Lou Costerg me précise que ce même simulateur est certifié en Australie et au Mexique. Au Canada, pas encore. Dommage car cela semble être un outil fantastique! D’ailleurs, au dire de pilotes d’Air Transat venus l’essayer, la reproduction du cockpit et de l’ensemble des fonctions frise la perfection. Tout ou presque (à 99 %) est identique au poste de pilotage d’un Boeing 737NG de série. Preuve en est : de plus en plus de navigants professionnels viennent s’entraîner in situ. À coups de 115 $ l’heure, instructeur inclus, le rapport qualité-prix défie toute qualif sur type homologuée. Et devant l’engouement général, la direction prévoit intégrer une version Airbus A320. Mais avant cela, deux autres sims, en l’occurrence des chasseurs F-16, se joindront au team. Connectés, sur demande au logiciel du B737, ceux-ci pourront alors « voler en formation » avec le liner. Destinée plutôt au grand public, cette configuration n’en demeurera pas moins attrayante pour la gent pilote…
Déjà, je mets en l’air les supposés 80 031 lb de métal hurlant. Au-dessus d’une Méditerranée idéalisée, des baffles reproduisant le grondement des deux réacteurs CFM56 et le sifflement du vent relatif achèvent l’illusion. Un large circuit, par la droite, m’entraîne un moment vers le large avant de me ramener face aux Alpes. Bientôt, je vire en longue finale et passe à la verticale d’un cap d’Antibes stylisé. Superbe! Quelques secondes plus tard, je pourrais presque voir la maison de mon père! Enfin, je pose les roues et enclenche les reverses. Ça freine. Néanmoins, l’appareil semble flotter, car on ne ressent pas l’à-coup caractéristique au toucher ni de friction au roulage. Même remarque au taxiage vers le terminal 2. Des corrections devraient être apportées dans ce sens. Notamment au niveau des sièges où un vibreur sera monté. Là se limitera ma critique car, pour le reste, la machine ne souffre guère de carences. Précisons tout de même qu’il ne s’agit pas d’un simulateur full motion. En terminant, sachez qu’actuellement 101 compagnies aériennes exploitent des B737 – toutes générations confondues. Alors, si vous visez l’une d’elles, venez donc faire un stage préalable chez AéroSim! Vous en sortirez avec pas mal de points d’avance.