Partie 1
Photographies : Aviation royale canadienne, Galerie d’imagerie des Forces armées canadiennes (Caméra Combat) et M. Richard Girouard
C’est avec grand plaisir que le magazine Aviation souhaite partager le privilège qu’il a eu de s’entretenir avec un commandant d’une escadre de chasse de l’Armée française. Mais d’abord, voici un bref aperçu de l’Escadron des Cigognes des Mirage français et de l’Exercice canadien MAPLE FLAG 2016
L’Escadron de Chasse 1/2 Cigognes
En mai 1916, vers la fin de la Première Guerre mondiale, débute une belle et grande histoire avec l’Escadron de Chasse 1/2 Cigognes. C’est le regroupement des escadrilles 3, 26, 67, 73 et 103 que l’on nomme alors « Groupe de chasse des Cigognes ». On y retrouve aussi quelques AS de l’aviation tels le capitaine Georges Guynemer, le capitaine Mathieu de La Tour, le lieutenant René Fonck, le lieutenant Rolland Garros et le lieutenant Alfred Heurtaux. C’est le commandant Brocard qui décide du choix de la peinture illustrant une cigogne blanche aux ailes baissées, symbole représentant les cigognes annonciatrices du printemps en Alsace, qui prévalait lors du début du Déploiement de 1912. Il est à noter que le 11 septembre de chaque année, l’escadron rend hommage au légendaire AS que fut le capitaine Georges Guynemer, mort au champ d’honneur le 11 septembre 1917.
Au début de la Deuxième Guerre mondiale, l’escadron participe activement durant la Campagne de France contre les Allemands. De mai à juin 1940, avec des avions Morane Saulnier MS 406, les pilotes abattent 29 avions ennemis sous l’artillerie démente de la Luftwaffe. En août 1940, l’escadron est dissous avant d’être reformé en 1941. À partir de 1942, avec divers autres escadrons, les Cigognes s’installent en Afrique du Nord. Durant l’Invasion alliée, l’Unité des Cigognes rejoint alors les Forces aériennes françaises libres (FAFL). Ses membres seront déplacés en Écosse pour intégrer le 329e Squadron de la Royal Air Force. Les pilotes des Cigognes pilotent alors des Supermarine Spitfire Mk.V et IX. Le 6 juin 1944, pendant l’Opération « Jour J », sous le commandement du lieutenant-colonel Fleurquin, les pilotes participent à une couverture aérienne.
Après le Débarquement, depuis des bases terrestres temporaires en Basse-Normandie, des campagnes d’attaques au sol sont réalisées contre des installations allemandes. En septembre 1945, cette escadrille française avec des Spitfire MK XVI sera dissoute. Puis, c’est le retour en France de l’Escadron 1/2 Cigognes qui rejoint l’Indochine pour 17 mois. De retour en terre natale, les pilotes seront aux commandes du Republic P-47 Thunderbolt. En 1949, l’escadron reçoit ses premiers De Havilland Vampire, le premier avion à réaction de l’Armée de l’air française. En cette même année, l’Escadron des Cigognes s’établit à Dijon et recevra par la suite des avions à réaction de types MD-450 Ouragan et Mystère IVA. En 1956, en Afrique du Nord, lors de la « Crise de Suez », l’Escadron des Cigognes participe aux opérations qui impliquent la France et la Grande-Bretagne. En 1962, cet escadron sera l’un des premiers à recevoir le Mirage III des usines de Marcel Dassault. En 1968, avec une avionique améliorée, l’escadron reçoit le Mirage IIIE. On se souviendra de ce dernier très médiatisé avec Les Chevaliers du Ciel, série télévisée, tirée de la fameuse bande dessinée de Charlier et Uderzo. Avec l’introduction du Mirage IIIE, jusqu’en 1981, les pilotes des Cigognes totalisent 83 139 heures de vol avec 97 716 sorties. En juillet 1984, l’Escadron des Cigognes reçoit le Mirage 2000C. Il s’inscrit alors aux patrouilles et à la sécurité du territoire français tout en participant en Irak, de 1993 à 1996, aux opérations de l’OTAN et de l’ONU. En juin 1995, à la suite d’une réorganisation de l’Armée de l’air française, le Groupe de Chasse des Cigognes 1/2 devient autonome. Le 31 mars 1999, les premiers Mirage 2000-5, avec leur équipement avionique moderne et adapté au nouveau missile Mica, atterrissent à la base de Dijon. Le 3 septembre 2015, l’Escadron des Cigognes est relié avec la 2e Escadre de chasse de la base aérienne de Luxeuil-Saint-Sauveur, France. En 2015, lors de la crise de l’Ukraine versus la Russie, l’escadron est déployé en Pologne.
Le MAPLE FLAG
C’est la version canadienne de l’Exercice RED FLAG de l’US Air Force qui se déroule souvent à la base de Nellis, Nevada et à celle d’Eielson, Alaska. Il avait été créé après la Guerre du Vietnam à la suite des observations et analyses des pertes des avions de combats lors des dix premières missions pour un équipage. Car ceux qui avaient survécu après la dixième mission semblaient plus aptes à survivre aux missions suivantes. Le 1er mars 1976, l’US Air Force active le 4440e Tactical Training Group, surnommé RED FLAG, et est responsable d’amener la nouvelle génération de pilotes à survivre face aux nouvelles tactiques de combats aériens et à contrer les attaques des missiles Sol-Air (SAM). Le Canada faisant partie de l’OTAN et du NORAD, l’Aviation royale du Canada a donc créé, en 1978, le RED FLAG NORTH avec deux formations par an et une formation après 1987 qui deviendra le MAPLE FLAG, reconnu maintenant comme étant l’un des plus grands exercices aériens dans le monde. Chaque année, d’une durée de quatre semaines, partagée en deux, il offre une formation réaliste pour les pilotes canadiens et ceux des Forces aériennes alliées. Réunis pour la préparation et de la coordination de cette coopération multinationale, le MAPLE FLAG, le CLAWR, le Cold Lake Air Weapon Range de la base aérienne de Cold Lake, avec ses quelque 5000 pilotes et membres au sol, se doublent avec les Forces aériennes du Canada et les forces internationales présentes.
En juin 2016, à Cold Lake, Alberta, l’Exercice MAPLE FLAG 49 a eu lieu pendant deux périodes de deux semaines comprises entre le 30 mai et le 10 juin et entre le 13 et 24 juin 2016. Lors de la deuxième session, quatre avions de type Rafale de l’Escadron 1/91 « Gascogne » et quatre Mirage 2000-5F de l’Escadron 1/2 « Cigognes » ont participé aux manœuvres par des opérations et simulations inter alliées en Amérique du Nord. C’est l’une de ces belles occasions auxquelles des pilotes des Mirage 2000-5 ont pu exercer leurs connaissances et habiletés.
Les Cigognes arrivent à Cold Lake
Partis d’une base aérienne française, après un long voyage transatlantique et un arrêt à la base aérienne de Bagotville, quatre Mirage 2000-5F de l’Escadron 1/2 Cigognes arrivent à la base aérienne de Cold Lake, Alberta. De conception française, le puissant Mirage 2000 possède une avionique très évoluée, une aile delta et une surface alaire. Cet appareil de combat a une envergure de 9,13 m. Sa longueur est de 14,60 m, sa hauteur de 5,20 m et sa surface alaire de 41 m2. Fabriqué dans les années 1970 avec une instabilité prévue afin d’augmenter sa manœuvrabilité, avec des commandes électriques de vol, il a une poussée de 65 kN et de 98 kN avec une postcombustion. Muni d’un monomoteur Snecma M53-P2, l’avion peut atteindre Mach 2.2 ou 2340 km/h à 50 000 pi ou Mach 1.2 à basse altitude. Sa vitesse ascensionnelle est de 18 000 m/min. Son rayon d’action est de 1600 km. Son facteur de charge peut aller de + 9 G à -3,2 G. Comme armements, le Mirage 2000-5 possède deux canons de 30 mm GIAT DEFA. Il peut soit se défendre ou soit attaquer l’ennemi en disposant ou transportant des missiles air-air R-550 Magic II, Super 530D ou Mica (IR ou EM). Depuis 1984, l’Armée de l’air française a reçu 315 Mirage et 286 autres ont été exportés dans huit pays différents. Depuis 1997, soit la mise en service de cette version, le Mirage 2000-5 Mk2 possède de nouvelles technologies et des fonctionnalités qui proviennent généralement du développement du Rafale. Avec ses qualités en matière d’aéronautique et un puissant moteur, il est prêt à s’opposer aux avions modernes hostiles dans n’importe quelle partie du monde.
Pour leur générosité et leur collaboration, des remerciements sont adressés tout particulièrement à tous ceux qui offert leur support à l’article, sous réserve de mesures de sécurité. Nous remercions aussi les officiers de presse, soit le Capitaine Loïc Tatard et l’Aspirante-Officier, Mme Coralie Bruillon du Département des Médias de l’Armée de l’air française. Pour leurs photographies, merci également à Caméra Combat des Forces Armées canadiennes et à M. Richard Girouard, historien et photographe de la base aérienne de Bagotville, Québec.
Sources :
http://www.rcaf-arc.forces.gc.ca/fr/4-escadre/maple-flag.page
http://nouvelles.gc.ca/web/article-fr.do?nid=1071249
http://www.45enord.ca/2016/06/fin-de-lexercice-maple-flag-de-laviation-royale-canadienne/
https://en.wikipedia.org/wiki/Maple_Flag
http://www.defense.gouv.fr/air/actus-air/maple-flag-2016-rafale-et-mirage-en-terres-canadiennes.
À suivre…