AU MUSÉE DE L’AVIATION ET DE L’ESPACE DU CANADA

C’est avec grand plaisir et fierté que le magazine Aviation, en collaboration avec le Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, nous présente ici l’un des magnifiques appareils de sa collection qu’est le Canso, ce légendaire amphibie qui a volé autant en temps de guerre que de paix.

Le Consolidated Canso du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada.

Un peu d’histoire

En 1933, la Marine américaine lance un appel d’offres pour acquérir un hydravion qui aurait une autonomie d’environ 4800 km et une vitesse de croisière d’au moins 160 km/h. Consolidated Aircraft Corporation reçoit un contrat de développement pour le prototype XP3Y-1 en octobre. Cet hydravion, qui vole en mars 1935, compte plusieurs innovations dont une aile parasol cantilever supportée par un pylône et de petits haubans ainsi que des flotteurs de stabilisation qui se rétractent au bout des ailes. Avec sa coque, ses longues ailes et ses puissants moteurs, le XP3Y-1 se distingue des autres hydravions à coque de son époque. Consciente que l’appareil excède ses demandes, la Marine américaine signe une commande de 60 hydravions, redésignés PBY-1, en juin 1935. D’autres contrats suivent. Une version amphibie apparaît aussi. Le début de la Seconde Guerre mondiale entraîne de nouvelles commandes de la Marine américaine et de pays étrangers (Australie, Canada, France, Pays-Bas et Royaume-Uni). C’est la Royal Air Force qui baptise le PBY, Catalina. Un nombre indéterminé de PBY, redésignés GST, sortent d’une usine en Union soviétique. Notons que l’Aviation royale du Canada adopte le PBY, rebaptisé Canso, pour remplacer les Supermarine Stranraer, presque neufs mais désuets, qu’elle utilise pour ses patrouilles océaniques. Il y eut deux fabricants de l’amphibie Canso, soit Boeing Aircraft of Canada de Vancouver et Canadian Vickers de Montréal.

Assemblage d’un Consolidated Canso dans l’usine de Cartierville de Canadian Vickers.

Durant le second conflit mondial, le Catalina/Canso a l’autonomie nécessaire pour la chasse aux U-Boot. C’est un Catalina de la Royal Air Force qui retrouvera le cuirassé allemand Bismarck après que celui-ci eut coulé le croiseur de bataille britannique HMS Hood. Le 4 avril 1942, un Canso du 413e Escadron de l’Aviation royale du Canada détecte les porte-avions japonais près du Ceylan, le Sri Lanka actuel. Le lieutenant-colonel d’aviation Leonard Birchall et son équipage donnent l’alerte. L’attaque japonaise du lendemain prend pratiquement par surprise les défenseurs de la base navale britannique de Colombo. Le 4 juin 1942, un Catalina repère la flotte japonaise qui s’avance vers Midway. La bataille de Midway commence dès le lendemain. Le capitaine d’aviation David E. Hornell, du 162e Escadron de l’Aviation royale du Canada a obtenu, à titre posthume, la Croix de Victoria pour avoir attaqué avec son Canso le sous-marin U-1225, le 24 juin 1944, près des îles Féroé, dans l’Atlantique Nord. En cours d’attaques, son appareil sera gravement endommagé. Avec son équipage, le capitaine réussit à couler l’U-1225 et à poser son appareil en feu malgré une forte houle. Un seul canot pneumatique était utilisable. Il ne pouvait contenir tout l’équipage qui dut affronter à tour de rôle l’eau glaciale de l’océan. L’équipage fut sauvé 21 heures plus tard. Quant à Hornell, il mourut peu de temps après. Sa dépouille se trouve au cimetière Lerwick, aux îles Shetlands. Des Catalina sauveront la vie de plusieurs marins ou aviateurs amerris pendant et après la Seconde Guerre mondiale.

Consolidated Canso de l’Aviation royale du Canada.

Le Canso demeure en service dans l’Aviation royale du Canada jusqu’à 1962. Vendus sur le marché civil par la suite en vue de transports de marchandises, de relevés aériens ou comme bombardiers d’eau, certains volaient encore en 2017. Au total, environ 3400 Catalina, Canso et GST ont été construits aux États-Unis, au Canada et en Union soviétique, ce qui fait de cet appareil l’hydravion à coque le plus construit au monde. Dans les années 1960, la Société de protection des forêts contre le feu du Québec utilisera des Canso munis de réservoirs d’eau de plus de 3600 litres. Ces appareils comptent parmi les premiers avions-citernes mondiaux. C’est aussi un Canso qui sera utilisé par le commandant Jacques Cousteau lors de ses expéditions de recherches.

Au Musée d’Ottawa, un PBY 5A Canso

En 1964, le Canso du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada arrive dans la collection d’appareils historiques de l’Aviation royale du Canada. Il devient par la suite la propriété du musée. Fabriqué en 1944 par la Canadian Vickers de Montréal, ce Canso porte le numéro 11 087. Par la suite, en 1945, le Canso a été affecté au Commandement aérien de l’Est pour être remisé à Mount Pleasant, Île-du-Prince-Édouard. En décembre 1948, il est ressorti du hangar pour être remis en service et pouvoir participer à des opérations de recherche et de sauvetage. Entre 1948 et 1961, il a été affecté à plusieurs escadrons. Retiré à nouveau en 1962, il est repeint aux couleurs du Canso du capitaine d’aviation Hornell, ci-haut mentionné.

Au plan technique, cet amphibie a une envergure de 31,7 m, une longueur de 19,5 m et une hauteur de 6,15 m. Le poids à vide est de 9485 kg et son poids maximum est de 15 411 kg. Sa vitesse de croisière est de 188 km/h alors que sa vitesse maximale est d’environ 288 km/h. Il peut atteindre une altitude de 3050 m en 19,3 minutes. Son plafond pratique est de 6100 m. Son autonomie est de 4090 km.

Pour leur généreuse contribution à l’article, le magazine Aviation tient à remercier Mme Caroline Boutin, agente, relations avec les médias et le gouvernement, la Société des musées de sciences et technologies du Canada, Mme Marcia Mordfield et M. Rénald Fortier, conservateur, aviation et espace, Musée de l’aviation et de l’espace du Canada.

 

 Sources :

Musée de l’aviation et de l’espace du Canada

 http://museeaec.techno-science.ca/fr