À l’aéroport de Saint-Hubert, entre les 18 et 22 juillet dernier, le magazine Aviation s’est offert un superbe rendez-vous avec un B-29 Superfortress. Lors de la Seconde Guerre mondiale, ce fut un gros animal utilisé uniquement dans le Pacifique. Mais l’avion se montre encore de nos jours très imposant.

À l’aéroport de Saint-Hubert, l’équipage pose devant son B-29 (FIFI) Fortress.

 

La naissance d’un géant

C’est l’histoire de l’un des plus gros bombardiers. En 1945, il est l’un des 3970 appareils qui sortent de l’usine de Renton, État de Washington, et qui intègrent l’USAAF (United States Army Air Force) au Kansas. Modifié, il deviendra le TB-29A et sera un avion d’entraînement affecté aux missions de bombardements et de remorquages de cibles. Dans les années 1950 et lors de la guerre froide, le B-29 a joué un rôle important comme cible radar pour la United States Air Force. Avec lui, on a pu développer des tactiques d’interception. Forteresse volante, le B-29 était muni d’une cabine pressurisée, accompagnée de tourelles contrôlées et de tirs de mitrailleuses à distance. Pendant un temps, il fut entreposé dans le désert. Mais en 1953, le B-29 revient pour être encore retiré du service actif en 1958. Plus tard, le B-29 a été transféré à l’US Navy pour être inclus dans un groupe de trente-six B-29 au Naval Air Weapons, Station China Lake, dans le désert des Mojaves, à 230 km au nord-est de Los Angeles. En 1971, la CAF (Commemorative Air Force) acquiert ce bon vieux B-29. Le 3 août 1971, enregistré comme avion civil, le B-29 sera basé au quartier général de la CAF, à Harlingen, Texas. Depuis août 1981, il vit sous le numéro de série N529.

 

Sur le tarmac de l’aéroport de Saint-Hubert, le reporter Martin Cormier devant le B-29 Fortress.

De nombreux fans curieux sont venus voir l’imposant B-29 de Commemorative Air Force.

La restauration de ce B-29 Fortress

En 1971, un pilote de la CAF et de la Garde nationale voit un B-29 dans un désert, près de Naval Air Weapons, à Station China Lake. Avec l’aide de M. Vic Agather, la CAF, qui cherche un tel aéronef pour sa collection, conclut une entente avec le gouvernement américain. Il ne sera pas utilisé à des fins militaires. Mais une surprise attendait la CAF. Les vieux B-29 sont stationnés là depuis dix-sept ans. Utilisés comme cibles, ils ont eu aussi la vie dure avec les vandales, la chaleur et le sable. L’US Air Force, propriétaire des bombardiers abandonnés, autorise la libération de l’un deux. Le meilleur survivant en vue d’une restauration est le B-29 (44-62070). Le 23 mars 1971, il est acquis officiellement avec le numéro de la FAA (N4249). Le 31 mars 1971, une équipe de maintenance et de bénévoles arrivent à China Lake. Il leur faudra même cannibaliser certaines pièces des autres B-29 qui gisent dans le désert pour reconstruire le B-29 (44-62070). En neuf semaines, les techniciens au sol de la FAC ont pu ainsi faire fonctionner les moteurs et tester les hélices et les trains d’atterrissage. Le 3 août 1971, notre B-29 (N4249) assure un vol de China Lake à la CAF d’Harlingen au Texas. Ce sera un seul vol « non-stop » sans incident, d’une durée de 6 heures, 38 minutes. Mais ce n’est pas fini! Le géant doit encore rester au sol pendant trois ans afin de compléter sa restauration. Pour la petite histoire, l’avion apparaîtra plus tard dans des films d’Enola Gay tels The Men, The Mission, Atomic Bomb (1980) et The Right Stuff (L’Étoffe des héros) (1983) qui transportera le Bell X-1 de Chuck Yeager et de Roswell, en 1994.

À l’aéroport de Saint-Hubert, atterrissage en vue du célèbre B-29 Fortress.

De la bien belle visite à Saint-Hubert

L’histoire du B-29 vient immanquablement avec un douloureux événement qui a marqué le monde entier. Car c’est avec lui qu’en août 1945, on a largué deux bombes atomiques sur les villes d’Hiroshima et de Nagasaki. Mais le B-29 qui se présente à l’aéroport de Saint-Hubert n’a jamais connu de combats. Celui-là ne sera mis en service que peu de temps avant la fin de la guerre. Aujourd’hui, tel un musée volant, c’est l’un des deux B-29 toujours en mesure de voler en démonstration. Toutefois, il semble que ces dernières seraient onéreuses. On dit qu’il en coûterait 10 000 $/heure pour faire fonctionner ses quatre moteurs qui consomment 400 gal/h d’essence et 2 gal/h d’huile. Parlons maintenant de la maîtrise de ce B-29, âgé de 60 ans. Dans le milieu, on s’accorde à dire qu’il n’y aurait qu’une petite dizaine de pilotes dans le monde aptes à le faire voler. Sur place, dans une brève entrevue pour le magazine Aviation, M. Don Boccaccio a bien voulu nous en dire davantage.

 

 

 

Poste de pilotage du B-29 Fortress avec ses nombreux vitraux.

Magazine Aviation :  Quelle formation est nécessaire pour permettre de piloter un B-29?

  1. Don Boccaccio : Tous les membres de l’équipage doivent assister à un cours au sol de deux jours chaque année. Après, ils doivent assister à cinq vols de transition pour être conformes aux normes.

 

M.A. :  Quelles sont les difficultés actuelles pour un pilote de B-29?

M.D.B. : La plupart des problèmes que nous avons, c’est de trouver des pièces ainsi que des membres d’équipage.

 

M.A. : Quels sont vos plus beaux souvenirs avec le B-29?

M.D.B. : C’est lorsque je vois des vétérans émotifs face à ce B-29 et quand ils partagent leurs souvenirs.

 

M.A. :  D’où vient le surnom de « FIFI » et le « A » sur la queue du B-29?

M.D.B. : FIFI est le surnom de l’épouse de M. Vic Agather qui a travaillé à la restauration de ce B-29. Et le « A » sur la queue est à son honneur. Nous sommes maintenant un musée volant. Et tous, nous aimons continuer notre mission en nommant ainsi des gens de la Deuxième Guerre mondiale.

 

M.A. : Merci M. Don Boccaccio!

Pour le sympathique accueil réservé au magazine Aviation, des remerciements sont adressés à l’équipage de vol et au personnel au sol du B-29, spécialement à Mme Katy Watkins, M. Stuart Wattwins, M. Jeremy Ott, M. Greg Trobridge et à M. Don Boccaccio.

 

Crédit photos : Martin Cormier