Les cylindres réalésés par des ateliers d’usinage sont marqués de vert, blanc ou jaune. Ces différentes couleurs indiquent le diamètre des chemises rectifiées. D’autres marques de peinture, appliquées cette fois par Textron Lycoming, signalent une condition ou un traitement. Simple mais essentiel !

Lycoming IO-540-AE1A5, monté sur hélicoptère Robinson R44 Raven II, marqué en bleu (Nitride hardened ou durcissement par nitrurage).

Véritables alertes pour les mécaniciens, une couleur peinte sur les ailettes d’un cylindre (d’un côté ou de l’autre du trou fileté de la bougie) peut désigner : le diamètre de sa chemise, un traitement de surface ou la longueur du filetage de la bougie. Ces notifications sont détaillées dans le bulletin Textron Lycoming Service Instruction nº 1181, paru le 15 décembre 1967. Même si ladite publication accuse plus de 50 ans, il semblerait que nombre de professionnels ignorent encore son existence. Et, de facto, la vigueur d’un tel code de couleurs ! Selon Guy-Paul Mongrain, mécanicien chez Aéro Atelier, nombre de techniciens fraîchement diplômés méconnaissent la signification de ce discret coloriage. Si la plupart d’entre eux – en découvrant une étrange trace de peinture – l’appellent pour obtenir des éclaircissements, d’autres passent lamentablement outre. Une telle lacune peut alors générer des erreurs comme, par exemple, le remplacement d’un piston par un modèle mal calibré ou encore le montage d’une bougie inadéquate. De graves problèmes mécaniques peuvent alors s’ensuivre…

Mario Mongrain, mécanicien chez Aéro Atelier, calibre un cylindre de Lycoming IO-540, marqué en vert (+ 0,010 po).

Chez Textron Lycoming…

En consultant le bulletin cité plus haut, il devient facile d’identifier tout cylindre. L’information se décompose en deux parties : le marquage de couleurs sur les ailettes situées entre le trou de la bougie et le fût du cylindre OU sur celles situées entre le trou de la bougie et le boîtier des culbuteurs (soit, à l’opposé). Dans le premier cas, les couleurs indiquent ceci :

  • Gris ou neutre : chemise standard en acier
  • Orange : chemise chromée
  • Bleu : chemise avec durcissement par nitrurage
  • Vert : chemise réalésée + 10 millième de pouce (+ 0,010 po)
  • Jaune : chemise réalésée + 20 millième de pouce (+ 0,020 po)

Dans les deux derniers points, les couleurs sont peintes uniquement dans l’atelier d’usinage où le ou les cylindres auront été rectifié(s). En effet, Textron Lycoming ne livre que des cylindres standards neufs.

Dans le second cas de figure, les couleurs ci-après indiquent la longueur du culot de la bougie :

  • Gris, bleu ou neutre : culot court
  • Jaune : culot long

… et Continental Motors

Aucun bulletin d’instruction ou autre communiqué se rapportant au marquage coloré des ailettes n’a jamais été publié par ce motoriste. Néanmoins, deux couleurs distinctes classifient officiellement tout cylindre rectifié. Ainsi, le blanc indique un réalésage de + 10 millièmes de pouce (0,010 po) tandis que le vert signale + 0,015 po. On remarquera que, contrairement à Textron Lycoming, les cotes jouent de 0,005 po et non de 0,010 po. En revanche, nulle couleur ne révèle un quelconque durcissement ou la longueur du culot d’une bougie. Au mécanicien alors de compulser le livret du moteur, les manuels référencés et toute documentation technique annexe. D’autre part, notons qu’une chemise peut être réalésée sans que pour autant les suivantes le soient. Toutefois, Guy-Paul Mongrain préfère rectifier les cylindres par paires opposées. Question d’équilibrage ! Enfin, il semblerait que les motoristes aéros concurrents aux deux majeurs précités n’emploient pas de tels codages colorés. Dommage, c’est si pratique !

Guy-Paul Mongrain, mécanicien chez Aéro Atelier, montre un cylindre Continental IO-520, marqué en blanc (+ 0,010 po).

Chronique proposée par Richard Saint-George, en collaboration avec Aéro Atelier