Pourquoi l’AQTA n’appuie que partiellement la nouvelle réglementation pour les opérations hydravion
La nouvelle réglementation touchant les opérations hydravion entrera en vigueur cet été. Les deux éléments à retenir sont la formation obligatoire pour les membres d’équipage de suivre une formation sur la manière de s’extraire d’un aéronef submergé et l’obligation pour les passagers de porter un dispositif de sauvetage gonflable lorsque l’avion est sur l’eau ou qu’il survole un plan d’eau.
L’AQTA endosse pleinement l’objectif de Transports Canada qui est d’améliorer la sécurité du transport aérien. C’est pour cette raison qu’elle approuve l’obligation pour les membres d’équipage de suivre une formation sur la manière de s’extirper d’un aéronef submergé, car il est démontré que cette compétence permet d’améliorer les chances de survie en cas d’impact avec un plan d’eau.
Pour ce qui est de l’obligation pour les passagers de porter un dispositif de sauvetage gonflable, l’AQTA s’est opposée à cette mesure, car si l’objectif est louable, le moyen est susceptible de rater la cible. Transports Canada a adopté cette mesure malgré le fait qu’il n’y a aucune étude démontrant que cette mesure pourrait augmenter le taux de survie après un impact avec un plan d’eau. Si pour des appareils de grande taille, comme l’A320 qui a amerri sur la rivière Hudson, l’utilisation d’un dispositif de flottaison gonflable est évidente, ce n’est pas le cas pour les aéronefs de petite taille comme les hydravions qui, très souvent, se retournent après un impact avec un plan d’eau, ce qui remplit la cabine très rapidement. Tous ceux qui ont suivi la formation sur la technique d’extraction sous l’eau disent que se retrouver sous l’eau à l’envers est une situation pour le moins très impressionnante, même lorsque l’on y est préparé, et que cela se déroule dans un environnement contrôlé. Il est donc facile d’imaginer que des passagers n’ayant pas la formation et se retrouvant dans une telle situation puissent prendre panique et qu’ils actionnent le gonflement de leur gilet de sauvetage. Comme il est clairement démontré que le gonflement du dispositif de flottaison rend presque impossible l’évacuation si la sortie est elle aussi submergée, cela entraînerait la noyade. Cela implique aussi qu’après un impact avec un plan d’eau ayant submergé la cabine, les membres d’équipage devront prioriser les passagers qui n’ont pas gonflé leur veste afin de pouvoir extraire le plus grand nombre d’individus possible. Les passagers ayant gonflé leur dispositif de flottaison seraient donc laissés de côté, qu’il s’agisse d’un adulte ou d’un enfant. C’est une situation que nous ne souhaitons pas pour aucun de nos membres d’équipage. Même avec un bon exposé aux passagers avant le décollage, il est fort probable qu’un certain nombre d’entre eux activent le gonflement de leur dispositif de flottaison au mauvais moment. C’est pour cette raison et en l’absence d’étude ou de statistique favorable au port du gilet de sauvetage gonflable que l’AQTA s’est opposée à cette mesure.
Pour l’instant, les membres de l’AQTA devront se conformer à la réglementation, mais nous sommes toujours disposés à étudier toute nouvelle mesure susceptible d’améliorer la sécurité de nos passagers en hydravion.