En collaboration avec Aéro Atelier

Les motoristes recommandent un calibrage périodique des soupapes et de leurs guides. Cette opération basique et relativement peu dispendieuse, faite par un mécanicien certifié, permet de préserver l’intégrité du moteur. Sa pertinence est donc plus que primordiale.

Lycoming préconise un ajustage des soupapes de moteurs d’avion toutes les 400 heures – ou 300 heures sur les moteurs d’hélicoptère (à cause de leur régime soutenu quasi permanent). Ces fréquences peuvent sembler exagérées mais elles sont réellement justifiables. En effet, une carence d’entretien pourrait engendrer de graves pannes : déformation des tiges de culbuteurs, rupture de culbuteurs, serrage de soupapes, bris de paliers, défonçage du carter-moteur, des culasses et des cache-culbuteurs. Ce menu « de réjouissances » n’est évidemment pas souhaitable en vol. Et dans le meilleur des cas, même si cela augure au sol, les frais encourus pourraient être fort coûteux. On comprendra donc qu’un contrôle programmé permettra de piloter tranquille et de préserver… sa tirelire.

Tête de cylindre dont l’axe et les culbuteurs ont été déposés pour une réfection.

Détection et remède

La vérification du système de distribution se décompose en deux parties. La première consiste en un contrôle du jeu entre la queue des soupapes – admission et échappement – et des culbuteurs associés. Une tolérance excessive se traduira par un claquement du moteur, à froid comme à chaud. Cela pourrait altérer quelque peu les performances globales. En contrepartie, un jeu trop faible empêchera la fermeture complète des soupapes concernées : ce qui corrompra la compression et entraînera à moyen terme un grillage des valves d’échappement. Attention ! Aucun bruit intempestif ne signalera un quelconque manque de jeu. Le deuxième volet consiste à détecter la présence potentielle de dépôt de carbone sur la tige des soupapes d’échappement. Cette calamine, de couleur noire, est essentiellement due à l’utilisation d’essence dont le grade est inapproprié (souvent du carburant automobile) mais aussi consécutif à un mauvais réglage de la mixture (fréquent sur les avions non équipés de lecteurs EGT). À titre indicatif, Lycoming a émis, en avril dernier, un bulletin de service – Service Instruction nº 1070V – concernant les différentes sortes d’essence et leurs indices d’octane, à utiliser selon chaque type de moteurs. Les additifs recommandés y sont également listés. Cette publication interpellera notamment les pilotes volant sur d’autres continents. À considérer aussi : le grade et la qualité de l’huile moteur. Sans oublier le filtre à huile (fréquence d’entretien, état, etc.) et, par extension, le système d’allumage (bougies, calage, etc.) ! Avec le temps, ledit carbone provoque un grippage progressif de la soupape d’échappement (jamais d’admission). À terme, cette contamination pernicieuse peut déclencher un serrage brutal avec les résultantes déjà évoquées plus haut. Lors de chaque contrôle périodique, le mécanicien désigné devra donc s’assurer qu’aucune amorce n’est en route. La moindre positivité commandera alors une dépose et un nettoyage des soupapes incriminées et, par précaution, de celles encore valides.

Tige de soupape d’échappement gravement carbonisée (pièce réformée).

Bulletins et lettres de service

Cylindres Lycoming O-360.

Le problème récurrent des soupapes qui collent ou valve sticking est abondamment décrit dans le bulletin de service obligatoire Lycoming nº 388C (ultime parution : 22 novembre 2004). Sans passer en revue les 13 pages de cet avis, Aéro Atelier encourage les lecteurs à consulter attentivement les recommandations et instructions à des fins de sensibilisation mais également par souci de compréhension. Ainsi, il paraîtra subséquemment plus facile de comprendre les conseils et l’éventuel diagnostic de leurs mécaniciens.  Plusieurs autres lettres et bulletins de service ont trait à ce chapitre souvent négligé (Service Letter nº L187A, Service Instruction nº 1425A et nº 1485A). Si certaines de ces informations sont redondantes, elles n’en sont que davantage fondamentales. Enfin, contrairement à certaines idées reçues, le blocage d’une soupape d’échappement se produit généralement dans la première moitié de vie du moteur (1000 heures et moins). Pourquoi ? Parce que les tolérances sont plus minces. Ensuite, avec le temps, les jeux compensent l’accumulation éventuelle de calamine. En terminant, même si Lycoming émet davantage de recommandations que les autres motoristes, il conviendra de surveiller et d’ajuster les soupapes de tout moteur d’autres marques. La mécanique reste de la mécanique !

 

Photos : Richard Saint-George