Le TORNADO ADV PANAVIA

Formidable protecteur de la Grande-Bretagne

Kemble Airport, Gloucestershire, lors du Kemble Air Day, décollage d’un Tornado F-3 (ZE 887).
Crédit photo : M. Adrian Pingstone (et/ou Wikipédia).

Le magazine Aviation est heureux de présenter à ses lecteurs le Tornado ADV Panavia, ce bel oiseau venu des années de la guerre froide.  C’est avec cet avion européen à ailes variables que la Royal Air Force assurait la protection du territoire britannique, et cela jusqu’aux îles Malouines.

Dans les années 1990, c’est lors d’un spectacle aérien à l’aéroport de Québec que le jeune passionné d’aviation que j’étais a eu la chance d’approcher de beaux Tornado à ailes variables en exposition et pouvoir discuter avec quelques-uns des pilotes de la Royal Air Force, de passage au Canada. Je me suis ainsi vivement intéressé à l’histoire des Tornado. Car ces derniers ont eu une grande importance pour la protection de l’espace aérien britannique, et cela jusqu’aux îles Malouines (Falkland) et celui de l’OTAN. Dans les années 1970, suite aux changements développés par des technologies modernisées, de nouvelles générations d’avions de combat ont vu le jour. Le ministère de la Défense britannique et la RAF se doivent alors de changer de vieux avions rendus désuets tels les Lightning F-6 et F-4 Phantom FGR2. On devait vite s’adapter afin de contrer les bombardiers SU-24 Fencer ou ceux de la nouvelle génération de bombardiers soviétiques tels les Tupolev Tu-24 Backfire, 160 Blackjack et les bombardiers de haute altitude comme les M-4 Bison, TU-95 Bear A, TU 142 Bear E. On a d’abord regardé du côté américain pour des F-14, F-15 ou F-16, mais ces derniers sont trop dispendieux ou leurs capacités ne sont pas au rendez-vous.

C’est à ce moment que le ministère de la Défense britannique facilite la conception d’un avion d’interception à partir de la cellule du Tornado GR 1 ou IDS. Le 4 mars 1976, il donne son aval à la British Aerospace (BAe) afin de produire pour la RAF 165 Tornado ADV sur les 218 qui suivront. L’armement de base du Tornado était composé de missiles Skyflash avec un guidage radar semi-actif, un appoint important avec son radar. Ils reçoivent une commande automatique en flèche de voilure, en fonction de la vitesse.

La RAF estime alors que le cahier de charges de l’avion est trop lourd pour être assujetti à un seul pilote. Un navigateur doit intervenir dans les longues missions pour assurer la planification, la recherche d’objectifs et voir aux tirs de missiles Skyflash (version britannique du missile AIM 7 Sparrow américain) et mieux identifier les menaces. Capable d’intercepter des avions ennemis situés à 500 km du point de départ du Tornado, le navigateur a la responsabilité de planifier selon la navigation la surveillance des écrans multifonctions, dont l’écran radar. Le pilote peut donc se concentrer avec beaucoup plus d’attention sur son pilotage et utiliser des armes à courte portée, dont le canon Mauser de 27 mm, au bas-côté du fuselage droit et ses missiles AIM-9 Sidewinder.

L’un des rares Tornado en démonstration à Québec lors de spectacles aériens des années 1990.
Crédit photo : Martin Cormier

Le Ier prototype fera son rolled out le 9 août 1979. Le Ier vol du Tornado ADV (# ZA 254) s’effectue le 27 octobre 1979 par M. David Eagles, chef pilote de la BAe, et par M. Ray Kenward, navigateur. Le vol dure 92 minutes. L’appareil démontre une accélération de vitesse Mach 1,2. Le 2e vole le 18 juillet 1980 et le 3e décolle le 18 novembre 1980. Pendant ces vols d’essais, le Tornado ADV démontre une vitesse notable en accélération par rapport à la version GR ou IDS et transporte plus d’armes. Plus tard, le Tornado ADV différera quelque peu du Tornado IDS conventionnel. Ses ailes peuvent se déployer à 25 et à 67 degrés. L’avion est muni d’un système de commandes de vol électrique. Sa voilure est munie d’une flèche variable, véritable aide à la performance. S’il est petit comme avion d’interception, il est cependant difficile à identifier par des radars d’avions ennemis, car ses moteurs dégagent peu de fumée. Il peut atterrir sur de courtes distances grâce à ses inverseurs de poussée et son aérodynamisme. L’avion est donc conçu pour répliquer à des raids massifs de bombardiers ou d’avions d’attaques. Avec lui, on met l’accent sur des engagements de longues distances, préférablement pour le combat aérien tournoyant autour de chasseurs plus agiles.

Au plan moteur, certaines améliorations seront apportées pour arriver au Turbo-Union RB199-34 MK 104. Avec la version ADV Mk3, il a une poussée de 40,5 K (9100 lb) et peut décoller à une vitesse maximale de 75,3 kn (16, 520 lb) pour chaque moteur. Au plan radar, il s’améliorera avec nouveau radar Marconi–Ferranti AI. 24 Foxhunter pour l’interception d’avions et de bombardiers ennemis. En 1983, suite aux améliorations informatiques qui passent du 64 au 128 ko, suivront 19 Tornado équipés du système de navigation inertielle Ferranti FIN.1010 et l’ajout de deux autres missiles AIM-9. S’ajouteront un autre système de déploiement automatique pour les becs de bords d’attaques et des volets de bord de fuites aux fortes incidences. Sera inclus un efficace radar FMk3 amélioré. Plus tard, 171 Tornado F-3 sont fabriqués avec ce radar Foxhunter d’une grande efficacité, très adapté au système de l’avionique du Tornado. Muni de ce radar, le pilote d’un Tornado était en mesure de traiter en un instant un nombre supérieur de cibles.

Sur le tarmac, des visiteurs chanceux ont pu s’approcher des deux Tornado ADV du Squadron 111 de la RAF.
Crédit photo : Martin Cormier

La menace d’une attaque nucléaire soviétique par la mer du Nord étant réelle, le Ier novembre 1987, le Squadron 29 devient la première unité de Tornado ADV. Il y eut par la suite sept autres escadrons de Tornado ADV avec une flotte de 171 appareils. Le dernier Tornado ADV F3 a été retiré du service avec le 111 Squadron à Leuchars, en Écosse, le 22 mars 2011.

 

SOURCES :

https://www.avionslegendaires.net/avion-militaire/panavia-tornado-adv/

https://www.aviationsmilitaires.net/v2/base/view/Model/1083.html https://www.militaryfactory.com/aircraft/detail.asp?aircraft_id=54

https://fr.wikipedia.org/wiki/Panavia_Tornado_ADV

Magazine Tout l’aviation, Éditions Atlas, MCMXC111 (1993)