Pensons aussi que le genre d’aéronef peut l’être également
Première partie
L’autogire, à une époque, se faisait remarquer par sa simplicité de construction, mais il avait ses limites d’utilisation. Les temps changent, la qualité de construction aussi et l’utilisation d’un autogire pour les grands voyages devient un excellent choix pour les pilotes avides de nouvelles aventures.
Les Rocheuses apparaissent au loin : quel spectacle!
L’aéroport de Springbank (YBW) est le deuxième aéroport le plus occupé de l’Alberta en décollages et atterrissages. Il est le sixième aéroport certifié le plus fréquenté au Canada. Ça tombe bien, le régulateur de tension a un problème et le fournisseur Rotax (Rotech) est à quelques heures de route. Un mécanicien certifié fait la réparation et profite du passage d’un autogire pour faire l’essai, après avoir remplacé la pièce de ce fascinant appareil. Une journée et demie plus tard, c’est le départ de l’aéroport, situé à 3937 pieds ASL. L’altitude en vol vers le nord varie entre 5 et 6000 pieds au-dessus du niveau de la mer et l’adaptation se fait progressivement.
Parti en début d’après-midi et longeant les Rocheuses, David est en feu… Affamé de pilotage, il dévore ces nouveaux paysages, tout en songeant à la vie qui l’a amené jusqu’ici. Après un atterrissage à Whitecourt, le temps de s’apercevoir que le format des avions du nord grossit, David redécolle pour Grande-Prairie. De là, jugeant imprudent de faire la traversée en fin de journée des premières grosses montagnes, l’option d’y passer la nuit est de mise. Tôt le matin et sans tarder, ce sont les sommets autant attirants qu’impressionnants que franchissent le pilote et sa monture. La Colombie-Britannique atteinte, c’est à Fort St. John que David fait sa première halte, au milieu des montagnes.
L’étape suivante est Fort Nelson… dernier arrêt avant le Yukon. Ce trajet doit être bien planifié, car aussi belle qu’elle soit, la distance à franchir est assez longue : des nuages à contourner, des altitudes à gérer, la consommation de l’appareil sur 400 km de terrain inhospitalier. Le Yukon en vue, c’est à Watson Lake que David touche le sol pour la première fois au pays de l’or et du Klondike, des ours et de la nature sauvage. Les paysages sont fascinants et appellent le pilote à reprendre son vol. Rapide arrêt à Teslin, puis Whitehorse! Les sommets sont immaculés et la lumière du nord-ouest est impressionnante. Dans le creux des ravins, le fleuve Yukon traverse Whitehorse et l’aéroport est à proximité.
David et l’autogire sont reçus par un comité d’accueil enchanté de leur arrivée. Le pilote, qui a réussi le défi d’amener en vol l’autogire de son client yukonnais, a vite fait la manchette du journal local. Content du voyage, mais déçu d’être déjà arrivé, David aurait poursuivi sa route encore et encore. Le Yukon se rejoint par une longue route ou par avion et David se rend vite compte que la valeur des biens est plus précieuse ici qu’au sud du pays. Une quinzaine de jours se passe à compléter la formation déjà entamée en Ontario du nouveau propriétaire et plusieurs vols sont effectués jusqu’à Haines Junction. La découverte de cette région du Canada est fantastique, autant par la beauté de la nature que par la mentalité des habitants.
Un vol mémorable avec l’épouse de son client fait voler David près du mont Logan… le plus haut sommet du Canada et le deuxième en Amérique du Nord. Dans ce même vol, David bat deux records personnels : son vol le plus à l’ouest du pays jusqu’au glacier Kaskawulsh et un sommet à 9000 pieds d’altitude, par-dessus le mont Archibald. David et sa passagère contemplent le mont Logan s’élevant à 19 500 pieds. Survolant les glaciers et les rivières, devant la pureté des couleurs et l’immensité du paysage, un pilote rend grâce à la chance qu’il a d’être aux premières loges de ce spectacle. Tout prend une dimension différente de ce que connaissait David. Entourés de la nature, les gens du Yukon sont imprégnés de celle-ci et il est tentant de vouloir y rester. À Whitehorse, un DC3 aux couleurs de la Canadian Pacific Air Lines fait office de girouette et mémorise l’importance de la contribution de l’aviation dans le développement du pays. Dans un hangar, un vieil hydravion de 1957 de la compagnie Air Fecteau surprend David… Un de nos clients est un Fecteau de cette famille québécoise d’aviateurs et cet avion rappelle que des pionniers ont précédé David dans cette magnifique aventure. Thomas Fecteau est venu à Saint-Apollinaire essayer en tandem un autogire… Il disait « Dans l’temps, on volait à l’estime ».
La formation terminée, David laisse à son client le Calidus d’entraînement avec lequel il a formé de nombreux pilotes et fait la joie d’innombrables passagers. La joie de voler en autogire s’est transmise une fois de plus : MISSION ACCOMPLIE !!!