Dans les derniers mois, certains événements survenus dans la région du terminal de Montréal m’ont amené à me questionner sur le vol en formation et ses pré-requis pour les participants. Quoique ces incidents n’aient eu aucun effet sur la sécurité des vols impliqués ou d’autres vols, je me permets d’en relater un, sans les détails des vols, afin d’explorer le problème.
Par un beau samedi, deux pilotes qui avaient planifié une sortie commune volaient dans une formation, comment dire… atypique! Premièrement, ce qu’ils ont fait correctement, ils avaient décidé de voler en formation et d’utiliser un seul code transpondeur. De plus, un seul des deux pilotes s’occupait des communications. Donc, jusque-là, la formation suivait le modus operandi. Mais là où ça se corse, c’est que ces avions se trouvaient en fait à plus de 1000 pi verticalement et 1 mille horizontalement l’un de l’autre, et ce, en plein milieu de l’espace aérien de classe C du terminal de Montréal. Ces pilotes n’étaient visiblement pas très familiers avec les notions du vol de formation. J’ai décidé de saisir l’occasion et de revoir avec vous les quelques règlements s’appliquant spécifiquement au vol de formation.
Premièrement, deux exigences du Règlement de l’aviation canadien (RAC) s’appliquent au vol en formation, soit le 602.21. Risque d’abordage : Il est interdit d’utiliser un aéronef à proximité telle d’un autre aéronef que cela créerait un risque d’abordage. Dans ce cas, aucun des deux pilotes n’a enfreint la loi. On peut même dire qu’ils ont été très « libéraux » dans leur interprétation dudit règlement utilisé par le régulateur afin d’encadrer la pratique du vol en formation, entre autres.
Le deuxième est le 602.24 : Vol en formation : il est interdit d’utiliser un aéronef en vol en formation, à moins qu’une entente préalable ne soit intervenue : a) entre les commandants de bord des aéronefs en cause; b) dans le cas d’un vol effectué à l’intérieur d’une zone de contrôle, entre les commandants de bord des aéronefs en cause et l’unité de contrôle de la circulation aérienne compétente. Une entente préalable devrait être plus qu’un signe de la main en vol, une communication ou une invitation demandant à l’autre de nous suivre. Avant le décollage, il est important de mettre au clair les paramètres de la formation, donc qui fait les communications, comment on se rejoint, comment on quitte, qu’arrive-t-il en cas de pépin ou de panne de communication. L’autre portion de cet article indique que si on vole à l’intérieur d’une zone de contrôle, il doit aussi y avoir une coordination avec l’unité en cause. Cela permettra de clarifier, entre autres, le nombre d’aéronefs, le type de formation et de coordonner les routes désirées et tout autre détail. Votre formation recevra ainsi les services d’information de trafic et/ou d’espacement avec les autres avions IFR et VFR utilisant les espaces aériens visés.
Comme on peut le voir, c’est là que nos pilotes auraient eu intérêt à planifier un peu mieux leur sortie. Si les participants ne peuvent se plier à de tels arrangements, le vol est toujours possible, mais il est peut-être préférable de le faire en se suivant et en maintenant un espacement visuel et non pas en se proclamant une « formation »…
Bons vols!
- À noter que la photo publiée dans la dernière chronique était de Ned Gravel.