Dans le domaine de l’aviation, ce petit appareil à rayons X offre plusieurs applications. Il sert notamment à déterminer le type d’alliage d’une pièce. Il peut également se révéler fort utile dans le processus de recertification propre à un composant mécanique ou structurel. Explications.
Il arrive fréquemment que des lots de pièces détachées d’aéronef soient vendus sur Internet ou dans des encans. Ces composants, pour la plupart assez anciens, peuvent ne jamais avoir été montés, sont parfois encore emballés, voire étiquetés sommairement. Ceux-ci semblent donc physiquement neufs, mais sans pour autant être nécessairement documentés. Que faire pour les recertifier ? La réponse se trouve dans la Lettre politique de la maintenance et de la construction des aéronefs, LPM 36 : Pièces sans appui documentaire. S’ensuit une liste comprenant 14 points à respecter + un organigramme (représentant les liens fonctionnels et les étapes du programme). Voir le lien Internet suivant : https://www.tc.gc.ca/fra/aviationcivile/normes/maintenance-aarpc-mpl-lpm36-2669.htm
En étudiant cette représentation schématique, on remarquera qu’à la case nº 9, l’autorité requiert une analyse de matériaux. Cela lorsque – à la case précédente – la réponse à la question les données sont-elles suffisantes pour confirmer l’authenticité ? est non. C’est là que l’emploi d’un analyseur par fluorescence X peut se révéler utile.
Principe et fonctionnement
Un spectromètre portatif se présente sous la forme d’un pistolet comprenant un tube à rayons X miniaturisé. Celui-ci est conçu pour bombarder de rayons spécifiques la surface du matériau visé. Très sécuritaire, il s’apparente un peu aux appareils de radiographie dentaire. Son capteur recueille les informations et les transmet à l’ordinateur intégré. Les résultats s’affichent en temps réel sur l’écran enchâssé dans le dos du boîtier. Rapides et ultra-précis, les tests sont réputés fiables à 100 %. Certaines conditions et restrictions s’appliquent néanmoins. Parmi celles-ci, on notera : 1) La pièce à analyser doit être exempte de toute peinture ou contamination. 2) Les tests ne déterminent pas le trempage. 3) L’intégrité du métal, tel que des fissures ou autres défauts, n’entre pas dans l’examen. 4) Les pièces à durée de vie limitée (hélices, câbles, échappements, etc.) ou utilisées dans des conditions anormales (températures extrêmes, g excessifs, etc.) ne sont pas admissibles.
Conditions légales d’utilisation
L’emploi d’un pistolet à rayons X, ou analyseur par fluorescence X, est conditionnel à une formation théorique et pratique. Un stage de trois heures, comprenant démonstrations diverses, exercices sur la radioprotection, et un examen comprenant 30 questions sanctionnent les candidats au niveau I (un second niveau, facultatif, permet d’accéder au statut de formateur). C’est Ressources Naturelles Canada qui gère la certification des utilisateurs.
Applications chez Aviation B.L.
Outre la recertification potentielle de certaines pièces, l’emploi d’un analyseur portable XRF, en l’occurrence un Brucker S1 Titan chez Aviation B.L. (CSP5), permet également d’effectuer des comparaisons de matériaux. Il facilite aussi la sélection du métal d’apport dans le domaine de la soudure. Selon Olivier Moreau, gestionnaire de l’assurance qualité de l’entreprise et mécanicien en aéronautique, cet outil sert de surcroît à évaluer des pièces déjà certifiées. La spectrométrie XRF est une technique non destructive d’analyse pour la quantification de pratiquement tous les éléments compris entre le magnésium et l’uranium. Léger (1,5 kg, incluant les piles), ce spectromètre permet d’analyser tout échantillon in situ, évitant ainsi un transport en laboratoire. En dehors du domaine de l’aéronautique, ce type d’analyseur est prisé par les recycleurs de métaux, les géologues et même les chercheurs d’or ! Son prix : 28 000 $ US.