Plus qu’une escale en route vers le soleil durant la saison hivernale, un véritable pèlerinage dans la plus vieille cité européenne en Amérique!
Un autre hiver à nos portes, pour un pilote, cela se traduit par une autre opportunité de conduire son appareil vers le Sud et de contempler de son cockpit le voile blanc qui s’estompe progressivement de l’hémisphère nord. Je vous ai déjà fait part de la façon de planifier un premier voyage vers le soleil de la Floride, à savoir bien choisir la journée, les préparatifs et précautions à prendre.
Rappelez-vous toutefois que le segment potentiellement problématique demeure l’initial, à savoir celui à partir de la frontière Canada/É.-U. à la région d’Albany, et ce, jusqu’au sud des Appalaches. Si vous optez pour la route de l’ouest (ce que je recommande pour éviter le centre de contrôle de New York), c’est le néant au sol, notamment en passant par la région de Lake Placid. Nécessité oblige selon moi, car les communications radio sont réduites à l’essentiel, ce qui nous facilite généralement le passage. Pratique pour ceux d’entre vous qui sont un peu mal à l’aise avec les communications radio en anglais.
À l’aller ou au retour, assurez-vous d’inscrire sur votre parcours la ville de St. Augustine, au nord de la Floride. Cet endroit trop peu connu mérite un arrêt, croyez-moi!
Un peu d’histoire…
St. Augustine vit le jour le 8 septembre 1565, soit 65 ans après Santo Domingo en République dominicaine et une trentaine d’années après la découverte du Canada. Cette ville doit son existence à l’importance pour la Couronne d’Espagne de sécuriser le passage annuel à l’Est de ses galions gorgés des trésors du Nouveau Monde sur le chemin de leur retour vers la mère patrie. Une forteresse fut érigée près de la côte avec un havre pour desservir les patrouilles navales régulières en saison de migration. Inutile de vous souligner que les pirates et les corsaires abondaient dans le secteur!
La ville fut l’objet de disputes acharnées avec la France et les colonies britanniques américaines, mais en fin de compte, en 1763, au terme de la Guerre de Sept Ans, elle fut cédée (ainsi que tout le territoire de la Floride) à la Couronne anglaise en échange de l’île de Cuba. Plus de 3000 résidents d’origine espagnole y migrèrent en conséquence, laissant derrière eux quelques familles de négociants pour finaliser le transfert des domaines établis au cours de leur colonisation de la région. Certains descendants y demeurent toujours.
Pourquoi s’y arrêter?
Si le cachet du Vieux-Québec vous a séduit, vous trouverez votre compte à St. Augustine. La conceptualisation originale de cette cité, que je qualifierais de néo-médiévale, vous charmera. Le Castillo de San Marcos (construit sur le modèle Vauban) en protège l’accès depuis l’océan. Les ruelles étroites de la vieille ville ne sont pas sans rappeler les bastides européennes. Le fort est ouvert et accessible aux visiteurs sur une base quotidienne avec démonstrations par des figurants en costume d’époque de tirs de mousquets et de canons. Impressionnant pour les jeunes et moins jeunes!
Dans le secteur historique adjacent, un petit quartier reconstitué (avec droit d’accès) permet une immersion totale dans le passé colonial de la colonie. Les occupants portent également des costumes d’époque et… les pirates y abondent (les enfants en raffoleront…), en plus des commerçants exposant des objets d’antan.
Le périmètre de la cité est bien circonscrit entre la baie de St. Augustine et la rivière San Sebastian. Je suggère de prévoir votre visite de la ville, soit à pied ou encore par un train touristique. Vous trouverez évidemment de nombreux musées, boutiques, pubs et restaurants. Parmi ceux-ci, le Columbia est le plus populaire et attire des touristes de partout. On y sert une cuisine locale sur trame espagnole qui souligne les racines de l’endroit.
Comment s’y rendre?
La ville de St. Augustine est desservie par un aéroport municipal de dimensions respectables (KSGJ) comptant trois pistes. Toutefois, la 13/31 est la plus utilisée. L’aéroport est aménagé directement sur le bord de l’océan et l’approche pour la piste 31 vous emballera! Une précaution : vérifiez les NOTAM avant d’arriver, car on y pratique régulièrement de la voltige à l’est avec différents types d’appareils, dont des Albatros L-39. Mieux vaut ne pas se trouver sur leur parcours… Côté commodités, il y existe un petit terminal civil doté d’un libre-service (3,89 $ le gallon en décembre dernier) et un FBO offrant tous les services (essence à 5,99 $ le gallon toutefois) : Atlantic Aviation. Il est situé à environ 5 km, soit tout près du quartier historique. UBER dessert bien le secteur. Les préposés au comptoir du FBO pourront vous réserver une chambre dans les hôtels avec lesquels ils ont négocié des tarifs avantageux.
Planifiez au minimum une journée et demie à St. Augustine et vous en conserverez de magnifiques souvenirs. Bons vols d’ici la prochaine chronique!