Malgré que nous soyons tous conscients que la sécurité avant, pendant et après une envolée est la responsabilité du pilote, plusieurs personnes gravitent autour d’un ballon, qu’il s’agisse d’équipiers, de passagers ou tout simplement de « wouéreux ». Un pilote doit s’assurer que ces personnes qui l’entourent dans la préparation, le décollage, la poursuite, l’atterrissage et la récupération connaissent bien l’ensemble des éléments de danger et sont prêtes à y faire face.
Pour les prochaines éditions, nous aborderons donc la question de la sécurité en ballon. Peut-être sommes-nous tous conscients des dangers inhérents à la pratique de la montgolfière. Mais un petit rappel n’a jamais fait de tort à personne! Nous commencerons cette série par le volet passager d’une envolée en montgolfière.
Il est 13 h 30, il fait beau et la prévision de Nav Canada pour notre secteur est très positive à une envolée ce soir! Enfin! Du beau temps pour voler! Après avoir contacté la FSS pour une dernière information sur la météo prévue le soir et pour l’aviser que nous comptons décoller d’un site précis, nous contactons nos passagers pour leur annoncer la bonne nouvelle et leur donner les informations sur le lieu et l’heure du point de rendez-vous. Nous en profitons aussi pour leur rappeler que le vol en ballon nécessite un habillement adéquat, en fonction des saisons. L’hiver, nous les avisons que l’habillement est celui d’une balade en motoneige. Toujours comme si nous allions faire une randonnée : chaussures à talons plats fermées, idéalement un pantalon long pendant la saison estivale et, peu importe la saison, on évite les écharpes!
Dans l’énervement, nos passagers n’écouteront probablement pas nos consignes et arriveront certainement, pendant la saison fraîche ou froide, avec un foulard ou une écharpe et, en plein été, en bermuda avec des sandales ouvertes, voire des chaussures à talons pour madame…
Que faire alors? Les aviser de l’ensemble des risques que le port de ces vêtements représente. Pour les sandales, il faut penser aux écrasements et aux blessures aux orteils nus, aux coupures aussi. Et quelle sensation désagréable que de marcher dans un fossé humide dont on ne voit pas le fond… les orteils à l’air! On connaît habituellement bien le lieu de notre décollage, mais on ne peut jamais garantir le lieu de notre atterrissage. Les fonds de champ, les lisières boisées et les fossés sont assez fréquents. Si les chaussures ont des talons, on risque de se retourner les chevilles. Pour parer à ces éventualités, certains pilotes tendent même à garder des chaussures fermées de différentes tailles dans leur véhicule de poursuite et les offrent aux passagers mal chaussés!
Le bermuda, c’est génial lorsqu’il fait chaud! Mais ça nous protège très peu contre les tiques, l’herbe à puce, la berce du Caucase… ou les satanés moustiques! N’hésitez donc pas à informer vos passagers des moyens de détecter une tique sur la peau et de l’enlever lorsqu’on en trouve une. Et on les informe quoi faire si des cloques ou des rougeurs apparaissent sur leur peau. Elles peuvent être le résultat d’un contact avec des plantes causant des réactions cutanées allant d’une faible rougeur à une sensation de brûlure intense. Et pour la berce du Caucase, une photosensibilité peut résulter d’un premier contact avec la sève de la plante qui fera en sorte que les prochaines expositions au soleil seront douloureuses.
Et pourquoi éviter les écharpes, les rubans et les cordons non attachés? À cause des risques d’étouffement associés aux ventilateurs. Ces rotors en marche lors du gonflement à froid du ballon sont la cause de divers incidents au cours des années, dont certains ont causé la mort. Il devient donc impératif pour le pilote de s’assurer que ses passagers soient informés.
C’est pourquoi, une fois nos passagers arrivés sur le site de décollage, nous les accueillons et nous leur expliquons le déroulement habituel d’un vol. Et ce n’est pas que pour faire la conversation! Transports Canada demande désormais à ce que les renseignements suivants soient fournis lors de l’exposé avant le vol à tous les passagers :
- une description générale du vol (durée, différentes étapes du gonflage à l’atterrissage, etc.);
- où se placer pendant le gonflage de l’enveloppe;
- l’emplacement de l’équipement d’urgence (extincteur, câble de ralentissement, trousse de secours, etc.);
- les règles concernant la cigarette et l’alcool;
- les précautions à prendre autour du ventilateur;
- les précautions à prendre pendant le réchauffement de l’air, lors du gonflage de l’enveloppe;
- les précautions à prendre autour du brûleur et des flammes durant le vol;
- la procédure à suivre pour monter à bord de la nacelle et en descendre;
- où se placer dans la nacelle;
- que faire pendant le vol;
- la procédure à suivre pendant l’atterrissage (tenir les poignées intérieures, se préparer à l’impact au moment de l’atterrissage, ne pas quitter la nacelle avant d’y être autorisé, etc.);
- la procédure à suivre pendant le dégonflage de l’enveloppe;
- la procédure à suivre en cas d’urgence.
Il est surprenant de constater combien ces exposés, lorsque présentés par le pilote avant un vol à ses passagers dans des conditions de calme et avec démonstrations, sont rapidement assimilés par les occupants d’une nacelle. Récemment, j’ai pu constater que les passagers d’un gros porteur avaient été bien informés des différentes phases d’un vol et des consignes à suivre lors d’un atterrissage (se tourner dos à la direction du vol, plier les genoux jusqu’à ce que la tête soit bien appuyée sur le mur du compartiment de la nacelle, bien tenir la poignée de corde qui nous fait face). Les consignes ont été suivies par les passagers sans que le pilote ne leur demande de se préparer à l’atterrissage lors d’une descente rapide du ballon suivant l’entrée dans une zone de turbulence avec vents rabattants! Alors que le pilote manœuvrait pour récupérer la descente du ballon, les passagers, croyant que celui-ci s’apprêtait à atterrir, se sont, dans un grand mouvement de chorale, tournés dos à la direction, ont plié les genoux et ont tenu les cordes indiquées! Le ballon n’a jamais touché terre et a poursuivi sa course à quelques mètres du sol et les passagers se sont finalement relevés. Mais il a été intéressant de constater combien l’exposé avait été bien compris par les passagers qui ont pu ainsi procéder à une belle pratique d’atterrissage!