Avec sa relance maintenant complétée

À gauche, Julian Roberts, président et à droite, Yani Gagnon, vice-président

C’est le 31 décembre 2016 que Pascan est officiellement sortie de la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.

Julian Roberts et Yani Gagnon sont maintenant les deux seuls actionnaires de Pascan dont ils ont racheté les principaux actifs, alors que la BDC et Investissement Québec sont demeurés les deux principaux prêteurs de l’entreprise. Parmi les actifs qui ont été rachetés, il y avait 14 appareils soit 11 Jetstream 32 et 3 King Air, mais seulement 5 Jetstream 32 étaient en état de navigabilité. Les 2 PC-12, quant à eux, n’ont pas été rachetés. Ils ont plutôt été loués et ils sont en opération depuis le mois de janvier 2017.

Afin de réussir la relance, Pascan a pu compter sur l’appui indéfectible de plus d’une centaine d’employés qui ont continué de croire en sa relance malgré les années difficiles que la compagnie venait de connaître. MM. Gagnon et Roberts sont très reconnaissants de l’appui de leurs employés, ce qui a grandement contribué à la relance de Pascan. On nous a fait remarquer que durant la période des difficultés financières, aucune des personnes qui occupaient des postes clés au sein de l’entreprise ne l’a quittée. Les créanciers, fournisseurs et autres partenaires ont eux aussi collaboré à la relance et ont fait partie de la solution.

Pascan n’a pas repris le certificat d’exploitation aérien qui existait et en a obtenu un nouveau, ainsi que celui de l’OMA. Là encore, MM. Gagnon et Roberts sont très satisfaits de l’aide et de la collaboration qu’ils ont obtenues de Transports Canada, qui était à la fois leur régulateur pour les permis et aussi un fournisseur avec les aéroports.

Les défis de 2017

Une fois la collaboration de tous assurée, il restait un certain nombre de défis importants à relever, dont le fait que les 5 Jetstream 32 avaient besoin d’une inspection de niveau « C » au cours de l’année et que 7 des 10 moteurs n’avaient presque plus d’heures de vol et devaient subir une révision afin être remis à zéro. Sachant qu’une révision de moteur coûte environ 250 000 $ US l’unité, l’état des Jetstream 32 posait donc un challenge financier supplémentaire pour l’entreprise. Il était évidemment hors de question d’avoir recours à du crédit supplémentaire et il a fallu tout payer à même l’excédent des revenus d’exploitation.

Au cours de l’année, Pascan a remis en service deux autres Jetstream 32 pour porter le total en service à 7. Du lot, 3 Jetstream 32 qui restaient ainsi que les 3 King Air étaient dans un tel état que leur remise en service aurait coûté trop cher. Plutôt que de laisser ces actifs se dégrader, Pascan a réussi à échanger les 6 appareils contre un Jetstream 32 en état de vol, qui est entré en service au cours du mois de décembre 2017.

Au printemps dernier, Pascan a lancé une nouvelle liaison entre l’aéroport de Saint-Hubert et l’aéroport Billy-Bishop au centre-ville de Toronto. Le défi était de taille puisque trois autres transporteurs avaient auparavant tenté l’expérience sans succès. Mais il semble bien que cette fois-ci soit la bonne, car presque tous les vols sont maintenant complets tant à l’aller qu’au retour. Avant de voyager avec Pascan, les clients de cette liaison utilisaient soit le train, la voiture, ou devaient se rendre à l’aéroport Trudeau à Dorval, ce qui prend énormément de temps alors qu’il faut se présenter deux heures avant le départ. Par contre, avec Pascan, il est possible de se présenter seulement 30 minutes avant le départ et l’emplacement facile d’accès de Saint-Hubert leur permet une économie de temps supplémentaire, sans compter que le stationnement est gratuit.

Les perspectives à venir

Pascan opère maintenant une flotte de 8 Jetstream 32 et 2 PC-12, bientôt 3. La santé financière de l’entreprise étant maintenant rétablie, les deux actionnaires sont donc passés du mode réaction à la planification stratégique. MM. Gagnon et Roberts sont conscients que Pascan occupe une niche bien particulière et entendent se concentrer sur leur marché actuel au Québec, soit les aéroports de Bagotville, Baie-Comeau, Bonaventure, Les Îles-de-la-Madeleine, Fermont-Wabush, Mont-Joli, Québec, Rouyn-Noranda, Saint-Hubert, Sept-Îles et Val-d’Or. L’objectif premier est de bonifier et améliorer l’offre de service actuelle. Pour ce faire, Pascan planifie redevenir un exploitant de catégorie 705 en 2018. Pas question toutefois de se doter d’un appareil de la taille de l’ATR42 ou du Dash8. Il est plutôt question d’un SAAB-340. Cet avion a une capacité de 30 à 34 passagers et bien qu’il ne soit plus en production, il existe encore plusieurs appareils en état de vol encore disponibles sur le marché à des prix raisonnables et les pièces sont encore faciles à obtenir; 13 SAAB-340 sont actuellement enregistrés au Canada.

Le cargo représente une partie importante des revenus de Pascan. Mais à cause des limitations de poids, les Jetstream 32 doivent parfois prendre deux ou trois passagers de moins sur certaines routes. Le SAAB-340 en mode « combi » devrait avoir de 20 à 24 passagers et contenir tout le cargo, ce qui permettra à Pascan de faire le plein de passagers quand la demande est forte. De plus, le SAAB-340 va permettre d’améliorer l’expérience du client, étant un aéronef plus confortable et moins bruyant. Sa masse à vide est presque 20 % inférieure à celle de l’ATR42, ce qui en fait un appareil bien adapté pour les sauts de crapaud que doit faire Pascan dans le bas du fleuve Saint-Laurent. Le SAAB-340 servira donc essentiellement à consolider les routes déjà existantes au Québec et non à prendre de l’expansion.

À moyen terme, Pascan entend prendre de l’expansion en Ontario, mais MM. Gagnon et Roberts gardent secrètes pour l’instant les destinations qu’ils ont l’intention de desservir. On peut s’attendre à ce qu’une annonce soit faite au cours de l’année 2018 et que cette deuxième expansion soit complétée en 2019.

Comme on peut le constater, Pascan songe beaucoup plus à son futur qu’à son passé.