Traduction et reportage : Martin Cormier
Photographies : Forces armées canadiennes, Gary Vincent, Martin Cormier
Avec grand plaisir, le magazine Aviation est heureux de vous offrir ce reportage sur le Grumman CP-121 Tracker, un bimoteur dédié à la surveillance maritime et qui fut très actif par temps de guerre pour la détection des sous-marins. Ce traqueur des mers a survolé les côtes canadiennes, avec une participation aux opérations navales de l’OTAN, tout en contribuant à des missions de sauvetage. En ce jour, quelques pays utilisent également cet appareil pour leurs opérations navales dont des Marines de l’Argentine et du Brésil. Aujourd’hui encore, les Tracker sont utilisés pour la lutte aux incendies de forêts.
La version canadienne des Tracker
En 1954, afin de remplacer les TBM-3E Avenger, la Marine royale du Canada donne l’octroi d’un contrat à De Havilland Aircraft of Canada pour que celle-ci construise sous licence des Grumman S-2F Tracker. Pendant quatre ans, 42 appareils seront construits. Ce sera le seul aéronef de fabrication canadienne acheté par la Marine royale du Canada. Le premier CS2F-1 vole le 31 mai 1956. En version CS2F-1, 43 appareils seront construits. Les caractéristiques canadiennes du Tracker sont plus ou moins identiques à celles américaines, soit une hauteur de 5 m (16 pi 3,5 po), une envergure de 21,23 m (69 pi 8 po) et une longueur de 12,9 m (42 pi 3 po). Le poids à vide est de 7935 kg (17 500 lb) pour un poids total de 10 975 kg (24 195 lb). La vitesse maximale de l’avion est de 438 km/h (272 mph) et sa vitesse de montée est de 710 m/min (2330 pi/min). Il peut atteindre une altitude ou un plafond de 6950 m (22 800 pi) et sa vitesse de croisière est de 241 km/h (150 mph). Avec une autonomie de neuf heures de vol, son rayon d’action est de 1558 km (968 milles). Ce robuste bimoteur, à ailes hautes et effilées, possède un train tricycle. Équipé d’ailes repliables, logées dans un espace restreint sur un porte-avions, il est capable de transporter des bouées acoustiques et des équipements de détection sous-marine. Il possède des nacelles situées en arrière des moteurs et il peut transporter 16 bouées acoustiques Jezebel ou 32 bouées de même type que la version américaine du S-2 E/G. On y retrouve un sonar actif, le AN/AQA-3 Julie et, plus tard, un AN/AQA-7 sur le S-2G pour la version américaine. Contrôlé par un copilote, l’avion est équipé d’un puissant projecteur AN/AVQ-2C de 70 millions de bougies, installées dans un carénage de l’aile droite, afin d’éclairer et identifier des navires, aider à la lutte anti-sous-marine ou participer à des missions de recherches nocturnes.
Ce Tracker canadien a deux moteurs Wright R-1820-82MR5 Cyclone en étoile de 1525 ch qui actionnent des hélices tripales. Il sera donné en sous-traitance à Pratt & Whitney, Longueuil (Québec) et produira 400 moteurs pour la version canadienne du Tracker. En 1960, le gouvernement canadien offre en cadeau 17 Tracker canadiens aux Pays-Bas. Jusqu’en 1968, la marine hollandaise a utilisé ce type de Tracker pour des opérations aéronavales sur le porte-avions Karel Doorman. Sur les 99 bimoteurs construits par De Havilland of Canada, 56 seront convertis en CSF-2 avec de nouveaux systèmes de détection améliorés. Le Tracker CS2F-2 effectue son premier vol le 20 mai 1959. Développés pour la Marine royale du Canada, les 45 Tracker CS2F-2 furent modifiés en CS2F-3 par Fairey Aviation of Canada. Un ordinateur de deuxième génération pour la navigation tactique, du même modèle que celui utilisé par les hélicoptères canadiens Sea King, l’AN/ASN-501, sera installé à bord.
Opérations militaires des Tracker
En 1957, avec les avions à réaction Banshee de McDonnell et des hélicoptères de type Sikorsky HO4S, les Tracker sont en activité sur le porte-avions canadien NCSM Bonaventure où ils participent à la lutte anti-sous-marine. Mis en service avec les Escadrons VS-880 et VS 881, ils participent aux opérations canadiennes en mer sur ce grand bâtiment naval, surnommé Bonnie, considérablement transformé afin de répondre aux besoins spécifiques canadiens de l’époque. Il faut noter ici que le NCSM Bonaventure était l’un des porte-avions, avec ceux de la Royal Navy et l’US Navy, qui pouvait rester en opération 24/24 et pendant de longues périodes. En 1968, à la suite de l’unification des Forces armées du Canada, tous les Tracker à la feuille d’érable furent désignés CP-121 (Mk1, 2 et 3). En 1970, après le retrait du NCSM Bonaventure désarmé, les CP-121 Tracker, qui ont servi à bord depuis plus de dix ans, ont été transférés sur des bases aériennes terrestres. Entre 1974 et 1981, ils ont été utilisés pour des missions de surveillance côtière avant d’être remplacés par les CP-140 Aurora dont la mission consistait à faire de la surveillance maritime. En 1982, ils pouvaient transporter jusqu’à 36 nouvelles roquettes de type CRV-7, incluses dans 6 nacelles lance-roquettes.
L’Escadron 880 a utilisé la plupart des Tracker. Certains d’entre eux ont été alloués à l’Escadron VU 32 et VU 33 de la base aérienne de Comox, en Colombie-Britannique, et à l’Escadron 420 de la base aérienne de Shearwater, à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Les équipages composés de quatre membres furent alors réduits à trois, dont deux pilotes et un opérateur de détecteur électronique aéroporté (Airborne Electronic Sensor Operator (AESOP). Jusqu’en 1989, des CP-121 Tracker restants furent utilisés en vue de la protection des pêches par la Patrouille maritime des côtes canadiennes. Les derniers Tracker seront retirés des Forces armées canadiennes en mars 1989, après 34 ans de service.
Opérations civiles des Tracker
Au plan gouvernemental ou civil, quelques CP-121 Tracker furent utilisés comme avions-citernes pour la lutte contre les incendies de forêts, par exemple le California Departement of Forestry and Fire. À des fins civiles, les Tracker furent désignés S-2T Turbo et S-2AT pour ceux visés à la lutte anti-incendie. Ensuite, on attribua le nom de Tracker S-2ET aux avions convertis à des fins civiles. Pendant les années 1980-1990 et jusqu’au milieu des années 2000, Conair Group, d’Abbotsford, en Colombie-Britannique, a utilisé 7 de ces appareils pour ce type de mission. La Saskatchewan Environment a déjà utilisé le S-2FT Tracker (Turbo Firecat). Le ministère des Ressources naturelles de l’Ontario a aussi utilisé 17 Tracker CS2F-1 qui seront vendus plus tard à Conair Group. La Sécurité civile de France utilise encore 10 Tracker de versions américaines et canadiennes dont l’intervention est rapide, parfois même en moins de dix minutes, en périodes propices de risques élevés d’incendies comme celles en Corse ou sur la Côte d’Azur.
Pour leur précieuse aide à la rédaction de cet article, un merci spécial est adressé à M. Rénald Fortier du Musée de l’aviation et de l’espace d’Ottawa, au Lieutenant James Carruthers, Officier des Affaires publiques, Direction des Affaires publiques de la Force aérienne du Canada et à M. Gary Vincent.
Recherche, sources et traduction
http://jproc.ca/rrp/rrp3/tracker.html
http://www.aviationsmilitaires.net/v2/base/view/Variant/2409.html
http://www.canadianwings.com/Aircraft/aircraftDetail.php?TRACKER-155
http://www.warplane.com/vintage-aircraft-collection/aircraft-history.aspx?aircraftId=23
http ://www.geocaching.com/seek/cache_details.aspx?..
http://forummarine.forumactif.com/t4246-grumman-s2-tracker
http://www.trackerfrance.com/sitejoomla/index.php?option=com_content&task=view&id=19&Itemid=46
et Fana de l’Aviation, Hors Serie n°33
Autres sources
http://en.wikipedia.org/wiki/Grumman_S-2_Tracker
http://museeaec.techno-science.ca/fr/collections-recherche/artefact-grumman-cp-121-tracker.php