COUP DE COEUR de Magazine Aviation
Situé sur le boulevard des Mille-Îles, à quelques encablures au nord du quartier Saint-François, ce terrain privé accueille une cinquantaine d’aéronefs. Certains sont en état de vol, d’autres pas. Plusieurs pilotes d’avions, mais aussi d’hydravions et quelques amphibies, fréquentent l’endroit : une place pour initiés, en fait.
La piste Contant, comme la nomment les habitués et les voisins immédiats, existe depuis 1965. Au début, il ne s’agissait que d’un simple chemin menant au champ d’un cultivateur. Jeune pilote à l’époque, Gérard Contant prit l’habitude d’y poser son Taylorcraft BC-12D de 1946, immatriculé CF-MNT, puis de le stationner in situ. Clément, son frère, en fit tout autant. Plus tard, la fratrie (composée de deux autres gars) se porta acquéreur de ladite parcelle. Des aménagements suivirent. Petit à petit. L’asphaltage de la bande, orientée nord-sud (01/19), se fit par portions – un entrepreneur en pavage leur vendant sporadiquement des surplus de chargement ! Aujourd’hui, sur les quelque 4000 pi (1219 m) de cet axe, environ 1500 pi (457 m) sont en dur. Le reste demeure en gravier. Question largeur, avec ± 40 pi (12 m), on n’est pas à Saint-Hubert ni même à Joliette ! D’autre part, entre 1967 et 1975, des hangars furent édifiés. On commença à y entretenir et à y réparer divers aéronefs. Il fut un temps où jusqu’à 25 personnes étaient employées sur place. Puis les activités cessèrent graduellement. Présentement, seul Simon Contant (fils de Clément) opère céans. Spécialisé dans la revente de pièces détachées usagées, celui-ci propose notamment du stock provenant des nombreuses épaves de Piper PA-31Navajo parquées çà et là. Une belle initiative de recyclage ! Dans certains secteurs, en outre, les lieux ressemblent un peu à un cimetière d’avions…
Un aérodrome en rien conventionnel
Plus vers l’entrée, des abris rigides entoilés protègent de petits monomoteurs privés. C’est le cas du Van’s RV-4 appartenant au pilote de voltige Philippe Franceschinis. Fréquentant l’endroit depuis plusieurs années, il dit apprécier l’ambiance et ne pas être affecté par les deux lignes à haute tension (culminant à 140 et 150 pi ou 43 et 46 m) et coupant la trajectoire, peu après le seuil de la 19 – soit respectivement à 475 et 700 pi (122 et 213 m). Selon lui, il suffit d’appliquer les procédures établies (décollage préférentiel sur la 19 et atterrissage sur la 01). Rappelons que la piste Contant n’est ni certifiée par Transports Canada ni listée dans le Supplément de vol (CFS). Sur cet aérodrome privé, non contrôlé, les usagers doivent donc garder l’écoute et communiquer sur la fréquence 123,2 MHz. Une procédure n’ayant, malheureusement, pas été respectée par deux pilotes en octobre1995. Chacun aux commandes d’un C150 et d’un C180, ceux-ci sont entrés en collision, à faible altitude, au-dessus de la piste. Pour en savoir plus, lire le rapport d’enquête aéronautique A95Q0215. Pour plus d’informations, taper :
(http://www.bst-tsb.gc.ca/fra/rapports-reports/aviation/1995/a95q0215/a95q0215.html).
Jusqu’à récemment, il fallait prêter attention au trafic aérien de Mascouche (situé alors à 2 nm ou 3,7 km). Après la fermeture des installations, le risque de conflits en vol a disparu. Toutefois, il convient toujours d’observer les limitations de la relativement proche classe C de Montréal (altitude, transit, communications, etc.).
Et maintenant…
Vivant sur place, dans un bungalow traditionnel, Gérard Contant – lui qui a passé sa licence de pilote privé en 1961 (moyennant 325 $), puis sa commercial (pour 250 $ additionnels) chez les Sainte-Marie à Bellefeuille – manie encore un Cessna 150 sur roues ainsi qu’un Cessna 185 sur flotteurs. Vraiment, l’heure de la retraite ne semble pas avoir encore sonné pour lui ! L’homme, au demeurant sympathique et hyper passionné, surveille les mouvements et encadre les opérations. Point de posés-décollés afin d’éviter toute nuisance sonore (la 19 étant dans l’axe du quartier Saint-François) ni de passage sous les fils à haute tension ! Malgré ces petites restrictions, la piste Contant, mais aussi son quai sur la rivière des Mille-Îles, accueillent tout le monde. Il n’y a aucune taxe d’atterrissage. L’ambiance se veut conviviale, voire familiale. S’il n’y a pas de service de maintenance à demeure, plusieurs mécaniciens (TEA) se déplacent sur rendez-vous. Par contre, ne venez pas vous ravitailler ici ! Point de pompe d’AvGas et encore moins de Jet A. En hydravion, il faudra vous rendre chez Boisvert & fils Aviation. Autrement, en avion ou en hélico, direction YUL ou encore CYHU. En fait, tout est proche d’ci. Un vrai terrain de campagne à proximité de la grande ville. Génial !
Texte et photos : Richard Saint-George