AU MAPLE FLAG 2016 DU CANADA
(2e partie)

En juin 2016, à Cold Lake, Alberta, l’Exercice MAPLE FLAG 49 a eu lieu pendant deux périodes de deux semaines, soit du 30 mai au 10 juin 2016 et du 13 au 24 juin 2016. Lors de la deuxième session, quatre avions de type Rafale de l’Escadron 1\91 « Cascogne » et quatre Mirage 2000-5, de l’Escadron 1/2 « Cigognes » ont participé aux manœuvres par des opérations et simulations interalliées, en Amérique du Nord. C’est l’une de ces belles occasions auxquelles des pilotes des Mirage 2000-5 ont pu exercer leurs connaissances et leurs habiletés.

Photo rapprochée et en vol d’un pilote de l’Escadron de chasse 1/2 Cigognes.

Pour faire suite à la première partie déjà publiée de ce reportage concernant le Maple Flag 2016, c’est avec plaisir que le magazine Aviation souhaite partager avec ses lecteurs l’immense privilège qu’il a eu de s’entretenir avec un commandant d’une escadre de chasse de l’Armée française.

Préambule par le Lieutenant-Colonel I. (Armée française) : Le Mirage 2000-5 est un Mirage de défense aérienne qui a été « rétrofité » à la fin des années 90. Il intègre depuis cette date un cockpit avec cinq écrans et des missiles actifs MICA. La L16 est arrivée progressivement depuis 2010 et équipe maintenant l’ensemble de la flotte.

Magazine Aviation : En général, combien de temps faut-il à partir de la formation jusqu’à la graduation finale d’un pilote de chasse pour devenir compétent sur un Mirage 2000?

Lieutenant Colonel I. (Armée française) : La formation sur Mirage 2000-5 est assez longue, car il y a de nombreux aspects techniques et tactiques à maîtriser. Il faut compter environ 10 ans entre l’entrée à l’École de l’air et l’obtention de la dernière qualification de leader. Un pilote est en revanche opérationnel plus tôt, environ 8 ans après son recrutement.

M.A. : Combien de temps faut-il à un équipage de Mirage 2000 pour se préparer à un déploiement outre-mer?

L.C.I. (A.f.) : La préparation aux déploiements est assez rapide. Elle s’effectue généralement en 4 semaines environ, mais peut être raccourcie à quelques jours, si besoin. La 2e Escadre de chasse est habituée à se déployer régulièrement et cela ne pose donc aucun problème.

Mirage 2000 : En direction pour une mission en vue de l’Exercice MAPLE FLAG 49.

M.A. : Quel était le but premier de l’exercice de la mission française en sol canadien?

L.C.I. (A.f.) : Le but de la présence de la 2e Escadre de chasse au Canada était la participation à l’exercice Maple Flag 2016 (MF 49). Cet exercice permet aux différentes nations participantes de s’entraîner dans des conditions réalistes (menace sol/air et air/air) à différents scénarii tout en améliorant leur interopérabilité.

M.A. : Au Canada, quelles expériences vous ont semblé les plus difficiles? Le climat, les distances, le relief?

L.C.I. (A.f.) : La période du mois de mai était relativement clémente en ce qui concerne les températures. Nous avons en revanche été surpris par l’élongation du territoire avec de grandes zones peu habitées, ce qui est assez inhabituel en Europe.

M.A. : Lors des manœuvres, quelle a été la situation imprévue ou spéciale avec laquelle les pilotes français ont dû composer?

L.C.I. (A.f.) : Dans l’ensemble, tout s’est bien déroulé! Pour certaines missions, il a fallu composer avec la météo et je me rappelle d’une mission où j’ai dû amener mes quatre Mirage ravitailler sur CC-130, en moyenne altitude, juste sous les nuages et en plein dans la pluie… Ce n’est pas une situation que l’on rencontre très souvent, mais cela fait partie intégrante du métier de pilote de chasse que de savoir s’adapter aux situations nouvelles.

Pilote en attente sur le tarmac de la base aérienne de Cold Lake, Alberta, Canada.

M.A. : Pour cette expérience, les tactiques françaises se sont-elles révélées similaires ou comparables à celles des Canadiens?

L.C.I. (A.f.) : Le Canada et la France sont des alliés au sein de l’OTAN. Nos méthodes de travail sont donc assez proches. Lors de cet exercice, nous avons pu confirmer que nous n’avions aucun souci pour réaliser des missions ensemble.

M.A. : Lors de l’exercice, en quoi fut bénéfique pour les pilotes français l’utilisation du missile Mica?

L.C.I. (A.f.) : Le missile MICA est un missile actif français que nous possédons depuis longtemps. Une fois tiré, il est autonome et peut trouver sa cible par lui-même. L’avion tireur peut donc faire demi-tour, ce qui lui permet de ne plus être menacé par l’ennemi.

M.A. : Au Canada, avez-vous atteint vos objectifs pendant les combats simulés avec des agresseurs potentiels?

L.C.I.(A.f.) : Tout à fait! La menace simulée, tant sol/air que air/air, était dense et variée, ce qui nous a permis de mettre en œuvre un grand nombre de tactiques, aussi bien offensives que défensives.

M.A. : Selon vous, avec les dernières modifications et versions du Mirage 2000, l’appareil répond-il toujours à de hautes normes d’efficacité et de réponses modernes?

Décollage pleine puissance d’un Mirage 2000 de l’Escadron de chasse 1/2 Cigognes.

L.C.I. (A.f.) : Le Mirage 2000-5 dispose, depuis sa création, de missiles actifs et depuis quelques années de la L16 (liaison de données), ce qui le rend parfaitement intégrable dans les opérations multinationales et totalement interopérable.

M.A. : Avec l’événement du Maple Flag 2016 canadien, comment jugez-vous votre expérience de simulations de combats aériens avec les CF-18 canadiens? Qu’avez-vous retiré de cette expérience?

L.C.I. (A.f.) : Cet exercice Maple Flag a été extrêmement profitable pour nos deux pays. Nous avons profité des installations et de l’espace aérien gigantesque afin de nous entraîner dans des conditions réalistes. Nous avons aussi pu pousser la coopération très loin au niveau tactique et apporter chacun notre savoir-faire, ce qui nous a permis de nous rapprocher de nos amis canadiens et de créer des liens durables.

M.A. : Merci, Commandant!

Pour leur générosité et leur collaboration, des remerciements sont adressés ici tout particulièrement à tous ceux qui, sous réserve de mesures de sécurité, ont offert leur temps et leurs disponibilités. Nous remercions aussi les officiers de presse, soit le Capitaine Loïc Tatard et Mme Coralie Bruillon, Aspirante-Officier du Département des Médias de l’Armée de l’air française. Un grand merci également est envoyé à l’Adjudant-Chef Olivier Ravenel, Chef de la Section Photo, Département des Éditions SIRPA-AIR (Service d’information et des relations publiques de l’Armée de l’air française). 

 

Crédit Photos : © O.Ravenel / Armée de l’Air (France)

 NDLR : À la demande de l’Armée de l’air française et pour des raisons de sécurité, des noms et/ou des fonctions n’ont pu être ajoutés aux différents témoignages ou aux photographies présentées.

 

Sources :

http://www.defens-aero.com/2016/06/maple-flag-2016-aviation-royale-canadienne-debute-plus-important-exercice-aerien.html

http://www.rcaf-arc.forces.gc.ca/fr/4-escadre/maple-flag.page

http://nouvelles.gc.ca/web/article-fr.do?nid=1071249

http://www.45enord.ca/2016/06/fin-de-lexercice-maple-flag-de-laviation-royale-canadienne/

https://en.wikipedia.org/wiki/Maple_Flag

France:

http://www.defense.gouv.fr/air/actus-air/maple-flag-2016-rafale-et-mirage-en-terres-canadiennes